Le jeu vidéo peut-il réellement changer le monde ? Alors que la planète fait face à une crise écologique sans précédent, peut-on attendre des événements gaming de nouvelles solutions concrètes en faveur de la durabilité ? Cette année, le célèbre Summer Game Fest tente un pari audacieux en mettant l’environnement au cœur de sa programmation.
Le Green Games Showcase, piloté par la fondation à but non lucratif PlanetPlay, s’invite comme une bouffée d’air frais parmi les traditionnelles annonces de jeux vidéo. Cette vitrine, prévue le 7 juin à 22h (heure de Paris) et à suivre sur YouTube, mettra en avant des studios ayant récolté plus de 100 000 dollars pour financer des projets environnementaux certifiés à travers le monde. Mais ces initiatives philanthropiques, telles qu’un jardin régénératif en Afrique du Sud, la reforestation au Timor Oriental ou la réduction des microplastiques en Nouvelle-Zélande, pèsent-elles vraiment face à l’ampleur des enjeux ?
Ces dernières années, l’industrie du jeu s’est souvent retrouvée accusée de “greenwashing”, alors comment s’assurer que cette nouvelle vague d’engagements ne soit pas qu’une façade ? PlanetPlay garantit la certification de ses projets, mais qui s’occupe de vérifier l’impact réel sur le terrain ? Faut-il compter sur la pression des joueurs et des médias pour maintenir les éditeurs responsables, ou assiste-t-on à une transformation profonde des mentalités dans le secteur gaming ?
L’engagement écologique des studios dépassera-t-il le simple effet d’annonce pour inspirer toute l’industrie ?
Le Green Games Showcase s’inscrit dans une série d’événements annexes du Summer Game Fest, à l’image du Day of the Devs, du Devolver Direct ou du Wholesome Direct. Les initiatives inclusives et régionales – avec des showcases consacrés aux créatrices, à l’Amérique latine ou à l’Asie du Sud-Est – témoignent-elles d’un virage éthique plus large pour l’industrie, ou n’est-ce qu’un effort temporaire pour surfer sur des thématiques dans l’air du temps ?
En parallèle, la grande messe des blockbusters vidéoludiques conserve toute sa place : le festival se conclura avec l’événement Death Stranding 2: On the Beach, attendu comme le temps fort du week-end. Comment les grands studios intégreront-ils ces nouveaux impératifs d’impact positif — ou choisiront-ils de rester dans une logique purement marchande et spectaculaire ? Peut-on encore concilier divertissement de masse et responsabilité citoyenne ?
Le public, quant à lui, est de plus en plus attentif à ces enjeux. La multiplication des initiatives « vertes » ne risque-t-elle pas de perdre leur sens si elle n’est suivie d’aucune action globale ? À qui reviendra la tâche de scruter et d’exiger des résultats concrets au-delà des bonnes intentions affichées lors de grands événements ?
Reste alors une question primordiale en suspens : ce Green Games Showcase marque-t-il véritablement un tournant où l’industrie vidéoludique pourrait devenir un moteur inspirant pour la transition écologique, ou les promesses ne survivront-elles pas à l’euphorie des annonces ?
Source : Engadget