Google peut-il vraiment échapper aux conséquences de son monopole historique dans la recherche en ligne ? C’est la question brûlante qui hante la Silicon Valley depuis plusieurs mois. Alors que la firme se prépare à faire appel de la décision de justice l’accusant d’abuser de sa position dominante (source), un autre front s’ouvre : celui des actionnaires, inquiets pour leur investissement et pour l’avenir même du géant californien. Pourquoi cette inquiétude, et que révèle-t-elle des failles structurelles de Google ?
Alphabet, la maison-mère de Google, n’a pas eu d’autre choix que de négocier avec ces actionnaires mécontents, en pleine tourmente judiciaire et médiatique. Selon un rapport du Financial Times, un accord provisoire aurait été trouvé : la refonte profonde du système de conformité d’Alphabet, assortie d’un investissement de 500 millions de dollars minimum étalés sur dix ans. Mais ce compromis suffira-t-il à protéger l’entreprise contre les prochains coups de semonce des régulateurs ? Qui bénéficiera réellement de ce nouvel organigramme de contrôle ?
La nouvelle structure serait composée, d’un côté, d’un comité de surveillance réglementaire rattaché au conseil d’administration, et de l’autre, d’un groupe de hauts dirigeants rapportant directement à Sundar Pichai, le PDG du groupe. Parallèlement, des chefs de produits et des spécialistes internes de la conformité seraient consultés régulièrement. Peut-on y voir la promesse réelle d’une culture d’entreprise plus transparente ou s’agit-il d’une simple vitrine pour rassurer les investisseurs ?
Face à la multiplication des enquêtes antitrust, Alphabet parie-t-il sur le changement ou sur l’illusion d’un changement ?
Rappelons que cette procédure collective a démarré en 2021, à l’initiative d’un fonds de pension du Michigan, bien avant que les autorités américaines ne réclament elles-mêmes des transformations beaucoup plus drastiques, comme la cession de Chrome (source). Dès lors, cette nouvelle structure de gouvernance, centrée sur la conformité, risque-t-elle d’être une réponse insuffisante ou prématurée, dans un contexte où les régulateurs veulent désormais frapper plus fort ?
En toile de fond, la question de la réputation demeure. Jusqu’à quel point un scandale antitrust peut-il ternir l’image d’un mastodonte technologique, freinant ses futurs contrats, voire sa capacité à attirer les talents ? Et plus largement, quels garde-fous l’économie numérique doit-elle inventer pour empêcher la formation de nouveaux monopoles ?
Alors que le tribunal américain doit encore valider cet accord, il s’agit moins d’une page tournée pour Alphabet que du premier acte d’une longue série de réformes possibles, plus ou moins contraignantes. L’entreprise est-elle prête à reconsidérer son modèle économique, ou cherche-t-elle avant tout à gagner du temps ?
Les investisseurs, mais aussi les régulateurs et les observateurs du secteur, attendent maintenant de savoir si l’exemple Google servira de jurisprudence. Voyons-nous ici les prémices d’un big bang dans la gouvernance des géants de la tech ? La course entre innovation et supervision est plus ouverte que jamais.
Google saura-t-il s’adapter durablement à ces nouvelles contraintes réglementaires, ou n’est-ce qu’une étape avant des bouleversements encore plus radicaux ?
Source : Engadget