La célèbre Nébuleuse de l’Anneau, cet étrange anneau de lumière situé à 2 500 années-lumière dans la constellation de la Lyre, serait-elle en train de nous livrer un secret jusque-là impénétrable? Et si, au contraire de ce que l’on croyait, la mort des étoiles n’était pas forcément la fin de tout, mais pouvait susciter l’apparition d’une seconde génération de mondes ?
Lorsque le télescope James Webb, coopération entre la NASA, l’ESA et l’agence spatiale canadienne, a braqué ses instruments sur la Nébuleuse de l’Anneau, les astronomes pensaient percer les derniers mystères d’une étoile en fin de vie. La technologie infrarouge MIRI de Webb leur a offert une vision d’une clarté inédite sur la naine blanche centrale—le résidu carbonisé d’une étoile moribonde ayant expulsé ses couches externes. Mais ce qu’ils ont découvert autour de cette étoile mourante, personne ne s’y attendait…
Un disque de poussière dense entoure le cœur stellaire, rappelant étrangement les disques de formation planétaire observés autour d’étoiles bien plus jeunes. Ce serait comme surprendre une octogénaire enceinte dans un EHPAD : la scène défie l’entendement astronomique. Pourquoi observe-t-on un berceau potentiellement créateur de planètes à une étape censée être celle du déclin ? Enfin, que cache l’intérieur de ce disque ? Les chercheurs n’identifient pas (encore ?) de jeunes planètes, mais l’hypothèse de mondes naissants dans ce décor crépusculaire se fait jour.
À la frontière de la vie et de la mort stellaire, la possibilité d’une seconde genèse planétaire questionne toute notre cosmologie.
Ce n’est pourtant que la deuxième fois que la science est témoin d’un tel disque auprès d’une étoile mourante, et l’affaire, publiée dans The Astrophysical Journal, sème le doute : la formation planétaire se perpétuerait-elle au-delà du cycle “normal” ? Comment des poussières, constituées de silicate amorphe—à peine plus épaisses qu’un millième d’un cheveu humain—peuvent-elles s’organiser dans ces environnements extrêmes pour donner naissance à de nouveaux astres?
Le contraste avec les fins explosives des étoiles massives, qui se transforment en supernovas, est saisissant. Ici, la lente agonie d’une étoile de taille moyenne mène à la création d’une nébuleuse planétaire, un nom trompeur tant il s’agit surtout de la longue désintégration d’un astre semblable à notre Soleil. Or, grâce au JWST, les astronomes entrevoient des détails insoupçonnés, notamment cette mystérieuse couronne de poussière autour de la naine blanche centrale.
Une découverte similaire avait déjà eu lieu avec la Nébuleuse de l’Anneau Austral, où les instruments du James Webb avaient révélé la véritable source de la nébuleuse : une étoile binaire dont l’émission infrarouge trahit la présence de matière poussiéreuse. L’image du disque nuageux autour de la Nébuleuse de l’Anneau, s’étirant sur des distances colossales, ajoute une couche d’énigme. D’où proviennent toutes ces poussières à cet instant tardif ? Y a-t-il un compagnon stellaire méconnu qui expliquerait les variations de lumière et les motifs d’arcs gravés dans la nébuleuse ?
Pour compléter le tableau, les chercheurs soupçonnent la présence d’une deuxième étoile, probablement une naine rouge, cachée dans l’ombre, influençant les structures visibles et la brillance fluctuante de la naine blanche. Mais là encore, rien de visible pour l’instant—seulement des indices troublants issus des motifs de la matière environnante. Se dirige-t-on vers la confirmation de systèmes multiples et d’une complexité accrue dans ces fins de vie sidérales ?
Au fil de ces révélations, une question demeure : la mort d’une étoile pourrait-elle systématiquement engager une renaissance cosmique, et si oui, serons-nous capables, dans un futur proche, d’observer directement des mondes naissants au sein même de ces tombeaux stellaires ?
Source : Mashable