Si la semaine dernière, on doutait que le “jeu” vidéo puisse encore nous surprendre, la cuvée 2025 prouve l’inverse : la Nintendo Switch 2 n’est pas seulement une console, c’est désormais une légende urbaine, une nouvelle chasse au trésor organisée par Big N pour transformer ses fans en dresseurs de bundle, voire en sprinters de rayon Target. Penser qu’il suffisait de cliquer pour acheter, c’est oublier que la technologie, en 2025, adore jouer la rareté orchestrée. Plus la disponibilité tangue, plus le désir grimpe – et avec lui, le prix. Soudain, attraper une Switch 2, c’est comme décrocher un Pokémon chromatique dans Pokémon Legends: Z-A : la chance, le flair, et une bonne dose de patience sont de rigueur.
Mais la crise du « produit insaisissable » n’est pas réservée à Nintendo : pendant qu’on piétine devant les rayons vides, Apple prépare son bal de masques annuel. Entre un renommage d’iOS “par année” façon catalogue de vin et une refonte graphique qui sent le visionOS recyclé, c’est toute la grammaire logicielle qui prend un coup de botox. À Cupertino, on redresse la colonne vertébrale du branding pendant que la justice américaine coupe le robinet juteux des commissions App Store. Les développeurs sabrent, Apple fait la moue : la pomme n’a plus le monopole du péage numérique, une révolution qui n’a rien à envier aux joueurs orphelins de Switch.
Or derrière ces effets d’annonces et ces stratégies de pénurie, se joue un autre bras de fer : la guerre des interfaces, celle de l’addiction ergonomique. Nintendo soigne le “thunk” du Joy-Con 2 comme Apple polit ses icônes arrondies : la clé de l’innovation ne serait-elle que dans le sens du détail, dans ce frisson tactile ou ce pixel translucide qui donne l’illusion du neuf ? Pendant ce temps, la vraie transformation industrielle se joue ailleurs. L’électrification du vélo « Apple Like » de Rivian et Jony Ive promet l’objet parfait, designé pour la ville, tandis que la vraie révolution verte s’essouffle à coups d’investissements records encore bien loin de la neutralité carbone.
Sous le fumet de la nouveauté, l’industrie technologique recycle sans cesse la pénurie, le rebranding… et la dépendance à la hype, tout en prétendant sauver la planète ou démocratiser le jeu.
Dans ce cirque, l’utilisateur n’est ni client ravi, ni maître du jeu : il n’est qu’une variable d’ajustement dans des modèles économiques qui cherchent l’effet d’annonce ou maximisent la rareté. Derrière chaque Switch 2 introuvable, un App Store libéralisé ou un iOS affublé d’un nouveau millésime, c’est la même logique : faire patienter, frustrer, espérer… puis presser jusqu’à la dernière goutte d’émotion ou de portefeuille. Même les innovations supposées radicales – vélos du futur, IA omniprésente – servent souvent de parure à des stratégies déjà bien rodées : dominer la narration, fragmenter le marché, et vendre du progrès à crédit.
Alors, Switch 2 et iOS 26 : révolutions ou simples soupes tièdes remises au goût du jour ? Si le consommateur veut garder une avance, il lui faut dépasser la fascination pour la nouveauté-mirage et refuser de devenir l’éternel figurant d’un spectacle où chaque sortie technologique rebat les cartes… mais laisse toujours les mêmes à la banque. À l’heure où le futur du jeu et de la tech ressemble à une succession de files d’attente – physiques ou numériques – il devient urgent de réclamer autre chose qu’un « clac » bien senti ou un nouvel OS rutilant.