Pourquoi Siri, la célèbre assistante vocale d’Apple, brille-t-elle toujours par son absence lorsqu’il s’agit d’intelligence artificielle de nouvelle génération ? Malgré la succession de promesses et de démonstrations lors des dernières conférences, nombreux sont ceux qui se demandent si Apple ne cherche pas simplement à gagner du temps ou si, plus inquiétant, la firme n’est-elle pas réellement à la traîne face à des concurrents comme Google ou OpenAI ?
Après la WWDC 2025, alors que le monde attendait la sortie imminente d’une Siri révolutionnée par l’IA, les cadres d’Apple se sont retrouvés à devoir justifier ce retard. Interrogé par le Wall Street Journal, Craig Federighi, vice-président senior de l’ingénierie logicielle d’Apple, refuse de parler d’un quelconque retard. Pour lui, l’IA représente une transformation profonde, qui s’inscrit sur le long terme. Mais est-ce vraiment suffisant pour convaincre les utilisateurs ? Le marché de l’IA évolue chaque jour – combien de temps Apple peut-elle se permettre d’adopter une telle posture stratégique ?
Federighi l’a martelé, le but n’est pas de se précipiter pour sortir un produit imparfait. Il évoque deux versions de l’architecture IA de Siri : la première, montrée lors de la WWDC 2024, a été jugée insuffisante pour tenir la promesse d’une expérience utilisateur à la hauteur. Est-il possible qu’Apple ait surestimé les attentes de ses clients ? La deuxième version, censée voir le jour en 2026, serait, selon lui, une “vraie révolution”. Mais à trop vouloir bien faire, Apple ne prend-elle pas le risque de laisser le train de l’innovation passer sans elle ?
Malgré ses moyens, Apple choisit la prudence stratégique mais jusqu’à quand cette patience sera-t-elle payante ?
Une autre question de fond s’impose : la technologie montrée au public était-elle bien fonctionnelle, ou s’agissait-il uniquement d’un tour de passe-passe marketing ? Les dirigeants affirment avoir présenté “un logiciel réel, avec un vrai modèle de langage et une recherche sémantique authentique”. Pourtant, la décision d’attendre avant de livrer le produit est motivée par un taux d’erreur jugé “inacceptable”. Jusqu’où Apple peut-elle demander la confiance des consommateurs sans livrer de preuves concrètes ?
Selon Federighi, l’ambition d’Apple ne se limite pas à créer un simple chatbot capable de rivaliser avec ChatGPT. Le véritable projet serait de “diffuser l’intelligence” dans l’ensemble de ses systèmes d’exploitation, pour offrir une expérience intégrée, fluide et invisible. Mais cette stratégie, aussi ambitieuse soit-elle, ne masque-t-elle pas un manque de résultats tangibles, comparé aux avancées de la concurrence ?
Pour Greg Joswiak, responsable marketing mondial, il s’agit aussi de fournir aux développeurs les clés permettant de tirer parti des modèles IA maison et d’enrichir ainsi l’écosystème Apple. La firme parie-t-elle ainsi sur la force de sa communauté pour rattraper son retard sur le plan technique ? Et quelle sera la réponse du public face à cette nouvelle philosophie, qui privilégie la robustesse à la rapidité d’exécution ?
En définitive, Apple affirme jouer la carte de la maturité : retarder la sortie de Siri IA pour garantir une expérience sans faille. Mais cette stratégie est-elle compatible avec un secteur aussi concurrentiel et effervescent que l’intelligence artificielle ? L’attente sera-t-elle trop longue pour des utilisateurs de plus en plus impatients ?
Face à cette situation, la question demeure : combien de temps les fidèles d’Apple attendront-ils avant d’exiger des avancées concrètes ou de céder aux sirènes de la concurrence ?
Source : Techcrunch
