Quel avenir pour les logiciels de véhicules autonomes à l’ère d’une course mondiale à l’intelligence artificielle ? Tandis qu’Applied Intuition vient de lever 600 millions de dollars supplémentaires, la valorisant à 15 milliards, doit-on seulement y voir une nouvelle manœuvre impressionnante de la Silicon Valley ou une transformation profonde du secteur de la mobilité autonome ?
Qui sont vraiment les géants tapis derrière ce financement ? Ce tour de table emmené par BlackRock et Kleiner Perkins, agrémenté de fonds souverains qatari et émirati, dessine-t-il de nouvelles alliances globales, ou met-il en lumière la dépendance croissante de la tech américaine envers le capital international ? L’intérêt de vétérans de la scène tech comme General Catalyst, Lux et Bond interroge : cherchent-ils un retour spéculatif, ou misent-ils sur un basculement irréversible de l’industrie automobile ?
Applied Intuition, référence montante dans le logiciel pour véhicules autonomes, n’en est pas à sa première prouesse. Un an seulement après avoir obtenu 250 millions de dollars pour une valorisation déjà colossale, la société confirme-t-elle simplement son leadership, ou existe-t-il une tension cachée sur le marché ? Sa stratégie de s’imposer comme le “premier appel” logiciel évoque-t-elle la naissance d’un monopole silencieux ?
Les grandes manœuvres financières cachent-elles une révolution discrète du secteur militaire et automobile ?
Cette position dominante est encore renforcée par son ancrage chez les principaux constructeurs automobiles et entreprises de véhicules autonomes, comme Gatik et Kodiak. Mais pourquoi l’armée américaine fait-elle désormais appel à Applied Intuition ? Lorsque la firme transforme un véhicule d’infanterie en prototype autonome en dix jours à peine, avec des robots capables de piloter physiquement l’engin, s’agit-il d’un simple coup de communication, ou d’un signal fort sur la militarisation de l’intelligence artificielle ? La vidéo montre-t-elle le futur du champ de bataille ?
Le récit officiel insiste sur la rapidité d’exécution et la polyvalence logicielle de la société. Pourtant, derrière la réussite industrielle, quelles frontières éthiques redefine-t-on sans le dire ? Qui contrôle l’évolution de technologies aussi décisives, capables, demain, de bouleverser non seulement l’industrie mais la société ? Est-on prêt à ce que les rouages de la mobilité mondiale, voire de la sécurité, reposent entre les mains d’un petit cercle d’acteurs américains et de bailleurs du Golfe ?
Cet emballement spectaculaire des levées de fonds s’accompagne-t-il d’une vraie démocratisation de la technologie, ou, paradoxalement, creuse-t-il le fossé entre grandes puissances et petits acteurs ? L’avance prise par Applied Intuition pourrait-elle bloquer la concurrence sur le long terme, et à quel prix pour les utilisateurs et l’innovation ?
Les investisseurs, eux-mêmes, voient-ils dans Applied Intuition la prochaine pépite du cloud, ou redoutent-ils déjà un retournement de conjoncture après tant de spéculations sur l’intelligence artificielle ? Au final, alors que la frontière entre usages civils et militaires s’estompe, le public ne devrait-il pas demander plus de transparence sur ces investissements et leurs impacts futurs ?
Source : Techcrunch