Midjourney cherche-t-il à révolutionner la création vidéo avec l’intelligence artificielle, ou s’aventure-t-il sur un terrain miné? L’annonce récente du lancement de son tout premier modèle de génération de vidéos IA, nommé V1, soulève de nombreuses questions sur l’avenir de cette startup, mais aussi, plus largement, sur celui de la création numérique.
Qu’est-ce que V1 apporte vraiment à la table? Cette nouvelle technologie ne crée pas des vidéos à partir de rien, mais transforme des images, générées par l’IA ou téléchargées par l’utilisateur, en quatre courtes vidéos de cinq secondes chacune. Mais alors, à qui profite cette innovation? L’accès est limité : tout se passe exclusivement sur Discord, via une plateforme web, et pour l’instant, seuls les abonnés peuvent tester l’outil. Est-ce une façon de préserver le mystère ou de contrôler les débordements de créativité (et de polémique)?
La concurrence s’organise rapidement : OpenAI avec Sora, Runway avec Gen 4, Adobe et Google ne sont pas en reste. Pourtant, Midjourney affirme une différence de philosophie : son objectif n’est pas de satisfaire Hollywood ou les publicitaires, mais d’ouvrir de nouvelles perspectives créatives. Venant d’une entreprise déjà réputée pour ses images IA distinctives, cela sonne-t-il comme une volonté de se démarquer ou une tentative de diversion dans un contexte chargé?
Midjourney vise le futur de la simulation en temps réel, mais à quel prix pour la créativité et la légalité?
« Notre ambition va plus loin que la simple génération de vidéos B-roll pour les studios », déclare le patron David Holz. Il évoque des simulations temps réel, voir même des rendus 3D alimentés par l’IA. Mais avant de se projeter si loin, une autre réalité rattrape la startup : quelques jours à peine après ce lancement, Midjourney fait face à une nouvelle attaque juridique de taille. Disney et Universal portent plainte, accusant l’IA d’utiliser des images sous copyright, comme celles d’Homer Simpson ou Darth Vader. L’ombre du piratage plane-t-elle sur cette révolution technologique?
Derrière les promesses de créativité, la peur de voir les métiers de l’image et de la vidéo menacés grandit. Est-ce une crise passagère ou une mutation durable? Nombre de médias s’inquiètent également des conditions d’entraînement de ces IA, qui semblent puiser généreusement dans des contenus protégés.
Midjourney tente de se différencier de ses rivaux, mais les accusations de violation du droit d’auteur ne font que s’intensifier. Et l’accès à la vidéo reste cher : chaque génération coûte huit fois plus qu’une simple image, limitant ainsi le nombre de créations possibles selon le forfait souscrit. Les versions les moins chères démarrent à 10 dollars par mois, mais il faut payer jusqu’à 120 dollars pour une utilisation plus « relax » et illimitée du service vidéo, du moins pour l’instant… La stratégie de tarification sera-t-elle ajustée à court terme?
Les possibilités techniques impressionnent : animation automatique ou manuelle selon une description textuelle, gestion du mouvement, extension de la durée de la vidéo jusqu’à 21 secondes… Mais le rendu, souvent qualifié d’“autre-mondiste”, est encore loin du réalisme attendu dans certains secteurs. Jusqu’où Midjourney pourra-t-il pousser l’audace technique sans trébucher sur des problèmes de légitimité?
Alors, la vraie question reste en suspens : la créativité augmentée par l’IA peut-elle coexister sereinement avec les règles du jeu actuelles de l’industrie culturelle?
Source : Techcrunch
