SoftBank est-elle en train de redéfinir les frontières de l’intelligence artificielle mondiale ? Voilà la question que soulève la récente vague d’annonces du conglomérat japonais, mené par l’infatigable Masayoshi Son. Après avoir fait la une avec son implication dans le projet Stargate, une infrastructure pour l’IA à 500 milliards de dollars aux côtés d’OpenAI et Oracle, SoftBank semble viser encore plus grand. Mais jusqu’où ira cette frénésie d’investissements, et SoftBank peut-elle vraiment révolutionner un secteur déjà hyperconcurrentiel ?
Dernière ambition en date : le lancement d’un projet industriel monumental baptisé “Project Crystal Land”. Selon des sources relayées par Bloomberg, SoftBank chercherait à associer TSMC, le géant taïwanais des semi-conducteurs, afin de bâtir un complexe de plusieurs billions de dollars en Arizona dédié à l’IA et à la robotique. Faut-il voir dans cette alliance potentielle le coup de maître qui scellera la domination de SoftBank sur l’écosystème technologique, ou le signe d’une fuite en avant risquée ?
Ce plan pharaonique soulève de nombreuses interrogations. D’abord, TSMC souhaite-t-elle vraiment suivre SoftBank sur ce terrain ? Avec ses propres investissements déjà engagés dans la région (on parle de 100 milliards pour ses usines de semi-conducteurs), le champion asiatique n’a pas confirmé son intérêt, et les modalités concrètes de la “collaboration” restent floues. SoftBank, de son côté, joue la carte du silence radio, refusant de commenter la rumeur. Quelles tractations se déroulent vraiment en coulisses ? Qui tire les ficelles d’un partenariat aussi déterminant pour la souveraineté numérique de demain ?
Le numérique mondial pourrait-il bientôt parler avec un accent nippo-taïwanais, made in Arizona ?
L’ombre de Stargate plane d’ailleurs sur ce nouveau pari. Rappelons que SoftBank aurait mis 19 milliards sur la table pour ce projet lancé avec OpenAI, un chiffre qui donne le tournis – mais surtout qui fait écho à ce qui se prépare à Phoenix. Sommes-nous témoins d’une concentration inédite de ressources, ou s’agit-il d’une tentative désespérée de baliser le futur alors que les technologies évoluent à une vitesse fulgurante ? Et face à un marché américain prompt à défendre ses champions nationaux, comment le projet sera-t-il accueilli politiquement ?
En misant tout sur l’IA et la robotique industrielle, SoftBank cherche-t-elle à compenser ses revers passés, ou au contraire, anticipe-t-elle une nouvelle vague dorée ? Ce choix de s’implanter en Arizona avec un mastodonte aussi stratégique interroge : est-ce la promesse d’un nouveau pôle mondial de haute technologie, ou une compétition risquée qui pourrait tourner à la surenchère stérile ? Et surtout, quelles seront les conséquences pour l’industrie et les chaînes d’approvisionnement mondiales ?
Derrière le storytelling agressif de SoftBank, plusieurs observateurs restent prudents. L’empire de Masayoshi Son n’est pas à l’abri d’un revers, et la dépendance croissante à quelques partenaires-clés (comme TSMC) pourrait s’avérer périlleuse dans un contexte géopolitique incertain. SoftBank dispose-t-elle encore des soutiens financiers et technologiques nécessaires pour suivre cette course effrénée à la superpuissance du numérique ?
Finalement, avec tous ces milliards investis dans une technologie aussi volatile, une question s’impose : l’eldorado de l’IA que poursuit SoftBank est-il une vision réaliste ou bien un mirage technologique voué à s’évanouir au premier remous du marché ?
Source : Techcrunch