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Credits image : Frugal Flyer / Unsplash

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Un nouvel institut pour « sauver » l’IA : vers plus d’indépendance ou une illusion de philanthropie ?

Le secteur de l’intelligence artificielle a-t-il besoin d’un nouvel institut de recherche porté par des ambitions philanthropiques ? Alors que les géants de la tech se livrent une guerre féroce pour l’IA la plus performante – et la plus rentable – Andy Konwinski, co-fondateur de Databricks et Perplexity, prend tout le monde de court en annonçant le lancement de Laude, un institut adossé à une dotation personnelle de 100 millions de dollars. Mais le monde de l’IA peut-il vraiment accueillir une initiative de plus, sans tomber dans les mêmes dérives que celles déjà observées sur ce marché saturé ?

Laude n’est pas un laboratoire de recherche au sens classique du terme. Ici, l’enjeu ce n’est pas de produire des modèles à vendre au plus offrant, mais de financer la recherche dans l’IA à travers un système de subventions. Est-ce alors un nouveau fonds d’investissement ou un véritable moteur d’innovation désintéressée ? Parmi les membres du conseil, on retrouve des pointures comme Dave Patterson de l’UC Berkeley, Jeff Dean de Google, et Joelle Pineau de Meta. Peut-on réellement imaginer que ces acteurs mondialement influents, tous issus de structures liées au business de l’IA, prennent aujourd’hui le contre-pied du capitalisme sauvage qui domine ce secteur ?

Pour sa première action, l’Institut Laude a annoncé un financement de 15 millions de dollars pour ancrer un nouveau laboratoire à l’UC Berkeley, intitulé « AI Systems Lab » et dirigé par Ion Stoica, figure emblématique de l’écosystème IA californien. Ce laboratoire d’envergure doit ouvrir ses portes en 2027, avec la promesse de pousser la recherche vers des finalités véritablement bénéfiques pour la société. Mais face à la conquête commerciale effrénée d’autres institutions – à l’image d’OpenAI qui a troqué la recherche « pour le bien public » contre la valorisation financière – ce modèle peut-il éviter la tentation du profit ?

Entre enjeux commerciaux et ambitions philanthropiques, où se situe la véritable indépendance scientifique dans l’IA ?

Konwinski insiste sur la mission de Laude : « catalyser des recherches qui guident le secteur vers des résultats plus bénéfiques ». Mais ce discours n’est pas sans rappeler d’autres initiatives qui, derrière leur étiquette « progrès pour l’humanité », ne sont pas restées insensibles à l’appel du cash. L’organisation Epoch, par exemple, a défrayé la chronique après avoir dévoilé l’existence d’un financement d’OpenAI pour la conception d’un benchmark, au moment même où elle lançait une startup dédiée au remplacement total du travail humain par l’IA.

En s’inspirant du modèle hybride – structure à but non lucratif, mais bras investisseur via une société à mission –, Laude tente de jouer sur deux tableaux, ni tout à fait opposés ni totalement compatibles. Konwinski défend une répartition de l’investissement entre deux axes : les « Slingshots » pour financer les early-stage, et les « Moonshots » pensés comme des paris de long terme sur des problématiques dites « de niveau d’espèce », telles que la découverte scientifique ou la redéfinition du monde du travail. Cette stratégie est-elle vraiment capable de protéger la recherche d’une récupération marchande à moyen terme ?

Le tableau se complexifie encore lorsqu’on découvre qu’en parallèle, Konwinski a co-fondé un fonds d’investissement à but lucratif, Laude VC, déjà impliqué dans des tours de table comme celui de la startup Arcade. Laude est ainsi à la fois pourvoyeur de subventions et acteur du capital-risque, avec l’appui de plus de cinquante chercheurs de renom comme limited partners. Peut-on alors garantir que l’indépendance affichée de la recherche ne sera pas, tôt ou tard, influencée par les intérêts des investisseurs et des partenaires industriels ?

Konwinski s’appuie sur son immense fortune bâtie avec Databricks et Perplexity, deux entreprises devenues licornes en l’espace de quelques années. Mais cette manne financière – qui serait agrémentée par d’autres technocrates milliardaires – peut-elle compenser le pouvoir d’attraction et les dérives du secteur privé ? Le secteur de l’IA, saturé de benchmarks taillés pour promouvoir la supériorité commerciale des modèles des uns ou des autres, a-t-il vraiment besoin d’un nouvel institut autoproclamé « au service de l’humanité » ?

À l’heure où la frontière entre recherche indépendante et stratégie business se brouille, peut-on réellement croire à la promesse d’un nouveau pôle de recherche qui resterait imperméable à l’appât du gain, même soutenu par quelques philanthropes milliardaires lassés de la course à la monétisation ?

Source : Techcrunch

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