Comment une startup fondée il y a seulement trois ans parvient-elle à dominer l’espace de l’intelligence artificielle juridique, à lever 300 millions de dollars et à voir sa valorisation grimper à 5 milliards ? Est-ce un nouveau signe que l’IA redéfinit nos métiers les plus traditionnels, ou avons-nous affaire à une bulle ?
C’est Harvey AI qui est au cœur de cette tornade d’investissements, comme l’a révélé récemment Fortune. Derrière cette confiance des investisseurs – Kleiner Perkins, Coatue, et même OpenAI Startup Fund – se cache une stratégie de croissance qui tranche avec la frilosité de bien des techs : Harvey double ses effectifs tandis que d’autres misent sur l’automatisation sans embauches. Quel est donc le vrai secret derrière ce succès fulgurant ?
Au-delà de leur marché d’origine, l’entreprise entrevoit déjà d’autres horizons : la fiscalité et la comptabilité ne seraient-elles qu’une étape supplémentaire pour ce géant en devenir ? La rapidité de leur croissance, avec 340 salariés aujourd’hui et un objectif de doublement, laisse de quoi s’interroger sur la viabilité à long terme d’une telle expansion. Faut-il y voir une vision ambitieuse ou une fuite en avant alimentée par la course aux millions ?
Au fil de leur expansion, Harvey veut prouver que l’IA peut faire bien plus que simplifier la vie des avocats, en s’attaquant à tous les services professionnels.
La trajectoire de Harvey donne le vertige : selon Reuters , les revenus récurrents ont bondi de 50 à 75 millions de dollars annuels en l’espace de quelques mois. Est-il possible de soutenir un tel rythme sans prise de risques fatale ? 337 clients profitent déjà de leur technologie qui automatise revue de contrats et analyse documentaire. Mais est-ce suffisant pour écarter la concurrence ?
Car Harvey n’évolue pas seul. Face à lui, se dressent des concurrents plus anciens, comme Ironclad (10 ans) ou Clio (17 ans), ce dernier ayant lui aussi levé 300 millions de dollars à une valorisation de 3 milliards l’an dernier ($300 million round). L’expérience des vétérans suffira-t-elle à contrer la force de frappe des nouveaux venus ?
L’expansion rapide, la diversification des marchés et la manne financière peuvent-elles garantir la pérennité du modèle de Harvey, ou la startup va-t-elle se heurter au plafond de verre du secteur juridique, traditionnellement lent à adopter les technologies de rupture ? Est-ce le signe que la profession est réellement prête à basculer dans une nouvelle ère, ou seulement l’effet de mode d’un marché encore en friche ?
Alors, assiste-t-on à une révolution durable dans le secteur des services professionnels grâce à l’IA ou à une surenchère passagère et risquée soutenue par la frénésie des investisseurs ?
Source : Techcrunch