Facebook et Instagram sont-ils devenus des champs de mines numériques pour leurs propres utilisateurs ? Depuis plusieurs semaines, des milliers d’administrateurs et membres de groupes Facebook dénoncent des suspensions massives, tout comme cela a été le cas sur Instagram et, plus largement, dans d’autres réseaux sociaux. Qui est à l’origine de ce cataclysme : une intelligence artificielle défectueuse, une politique de modération trop stricte, ou un tout autre problème technique dissimulé derrière le jargon des porte-paroles de Meta ?
Meta, la maison-mère de Facebook, a-t-elle perdu le contrôle de ses outils de modération ? Interrogé par TechCrunch, un porte-parole de la firme a reconnu un « problème technique », assurant que l’entreprise « travaille à corriger la situation ». Aucune explication détaillée, aucune donnée sur l’ampleur réelle du bug : simple panne ou dysfonctionnement plus systémique ? La communauté s’interroge, surtout quand les groupes bannis couvrent des thématiques aussi anodines que l’entraide entre parents, les promotions, les jeux vidéo, la décoration ou encore la photographie ornithologique.
Ce qui surprend, c’est la brutalité et l’absurdité de certaines sanctions : des motifs aussi extravagants que la « nudité » ou « l’apologie du terrorisme » sont invoqués contre des groupes de passionnés de Pokémon ou d’animaux de compagnie. L’intelligence artificielle déploie-t-elle ici un zèle devenu incontrôlable ? Ou ces délits fantasmés cacheraient-ils un filtrage automatique mal calibré, dépassant la frontière du risible ?
La crise de confiance entre administrateurs de groupes et Meta atteint un point de rupture, alimentée par l’opacité persistante de la plateforme.
La colère gronde sur Reddit, où les témoignages affluent de tous les horizons : un groupe de photos d’oiseaux avec près d’un million de membres, jugé « inapproprié », des communautés entières effacées sans recours, parfois même pour les abonnés au service « Meta Verified » censés offrir un contact privilégié avec le support. Est-ce une simple panne passagère ou le symptôme d’une tendance lourde ? À travers ces histoires, se dessine en creux la peur d’une disparition soudaine, d’un effacement arbitraire, sans recours ni explication.
Au-delà du cas Facebook, le phénomène s’étend à d’autres réseaux : Pinterest a admis une « erreur interne », tandis que Tumblr invoque de « nouveaux systèmes de filtrage ». Mais le silence de Meta sur les causes exactes de ces suspensions inquiète, et la multiplication des pétitions ou des menaces de recours juridiques traduit une véritable crise de gouvernance algorithmique. Peut-on vraiment faire confiance à une modération semi-automatisée qui ruine des années de travail communautaire sur un simple clic ?
Derrière cette crise, une question se dessine : ce recours massif à l’IA dans la modération des contenus sert-il vraiment l’intérêt des utilisateurs ou protège-t-il surtout la réputation et la gestion de risque de Meta ? À qui profitent finalement ces erreurs à répétition ? Les principaux concernés recommandent aujourd’hui d’attendre sans faire appel, tant la situation semble hors de portée du support humain… Une solution qui interroge la place accordée à l’humain dans l’écosystème numérique.
Tant que Meta ne communique pas clairement sur la responsabilité de ses outils IA et ne propose pas de solution transparente, la défiance ne cessera de grandir. Face à la multiplication de ces incidents, la confiance des utilisateurs est-elle irrémédiablement compromise ?
Source : Techcrunch
