Comment les éditeurs de presse peuvent-ils survivre alors que ChatGPT et l’IA prennent le contrôle de la distribution de l’information, laissant les sites traditionnels sur le bas-côté ? C’est la question qui agite la sphère média à la lumière des nouvelles données alarmantes partagées par Similarweb.
Depuis le lancement en mai 2024 des “AI Overviews” de Google, le nombre de recherches d’actualités ne débouchant sur aucun clic vers un site d’actualité a explosé, atteignant près de 69 % en mai 2025. Faut-il craindre la disparition pure et simple du trafic organique, alors qu’il a déjà chuté à moins de 1,7 milliard de visites après avoir culminé à plus de 2,3 milliards en milieu d’année ?
Les utilisateurs se contentent-ils désormais d’informations délivrées directement par des algorithmes ? Entre janvier 2024 et mai 2025, la part des requêtes liées à l’actualité dans ChatGPT a bondi de 212 %. Si les “referrals” (clics en provenance) du chatbot vers des sites de presse connaissent également une progression, passant de moins d’un million à plus de 25 millions, cette dynamique suffit-elle à compenser l’effondrement du trafic traditionnel ?
La croissance des clics de ChatGPT ne comble pas la perte massive liée à la baisse du trafic organique.
Certains médias semblent toutefois tirer leur épingle du jeu. Reuters, le NY Post ou Business Insider affichent une forte augmentation de leur audience en provenance de ChatGPT. Est-ce une question de stratégie de contenu ou d’accords avec OpenAI ? Dans le même temps, le New York Times, engagé dans un bras de fer judiciaire contre OpenAI pour utilisation non autorisée de ses contenus, voit ses propres referrals progresser plus modestement. Un hasard ?
Les thématiques les plus consultées via ChatGPT restent majoritairement la bourse, la finance ou le sport, mais l’intérêt pour la politique, l’économie ou même la météo croît lui aussi. (Serions-nous à l’aube d’un nouveau rapport entre le public et l’actualité, plus “profond” et “engagé”, selon Similarweb ?)
Face à cette hémorragie de trafic, quelles alternatives s’offrent aux éditeurs ? Google tente d’imposer son “Offerwall”, une interface permettant d’expérimenter micropaiements ou abonnements, pendant que d’autres sites durcissent leurs paywalls ou multiplient les stratégies de monétisation. Reste que beaucoup de rédactions poursuivent les licenciements, voire ferment boutique, dans une industrie en crise profonde. Le salut viendra-t-il d’une solution technique ou d’un nouveau modèle économique ?
À l’heure où la consommation de l’IA explose – le nombre d’utilisateurs de l’appli ChatGPT a doublé en six mois, et le trafic web d’OpenAI a progressé de 52 % – les outils pour mesurer la visibilité des marques dans ces nouveaux environnements se développent. Jusqu’où l’industrie des médias acceptera-t-elle de s’adapter face à la toute-puissance de l’intelligence artificielle et de ses interfaces de génération de contenu ?
L’adoption fulgurante de l’IA va-t-elle signer la disparition ou la renaissance du journalisme traditionnel ?
Source : Techcrunch
