« Qui veut investir loin de la Silicon Valley doit garder ses nerfs… et parfois mettre ses santiags ! » Voilà une devise qui aurait pu sortir tout droit des bureaux de Drive Capital à Columbus, dans l’Ohio — ce fonds de capital-risque qui prouve que l’avenir n’a pas toujours un accent californien.
Si l’écosystème venture capital avait une playlist, le Midwest serait sur le mode « shuffle » : un coup à fond, un coup en sourdine, suivant les cycles économiques. Pourtant, alors que beaucoup prennent la tangente dès que le marché fait grise mine, Drive Capital vient de créer le buzz : rendre 500 millions de dollars à ses investisseurs en une semaine, c’est comme promettre un concert privé de Beyoncé sur le parking du supermarché du coin… inattendu, mais carrément spectaculaire !
Ce n’est pas une lubie de plus : Drive a distribué, rien qu’en mai dernier, près de 140 millions de dollars d’actions Root Insurance en quelques jours, surfant sur la revente de Thoughtful Automation et d’une autre société discrète. De quoi réjouir les « limited partners »… et donner à Chris Olsen, cofondateur et désormais seul maître à bord, l’opportunité de fanfaronner (modestement, si on y croit).
Drive n’a pas suivi la route la plus évidente, mais parfois, c’est le détour qui rapporte le plus.
Il faut dire qu’on ne donnait pas cher de leur peau il y a trois ans. La scission entre Olsen et son acolyte Mark Kvamme (ancien duo dynamique de Sequoia Capital) aurait pu condamner Drive à l’obscurité financière. Kvamme a filé monter un fonds à la sauce locale — et pendant ce temps, Olsen a choisi la stratégie du saumon : nager à contre-courant. Oubliez les « décacornes » et autres licornes bodybuildées, Drive se concentre sur les sorties à 3 milliards, bien plus fréquentes qu’on ne l’imagine dans la presse ou dans les files de barista à Palo Alto.
Et leur succès récent avec Thoughtful Automation n’est pas dû au hasard : en évitant la course effrénée vers les boîtes à la valeur vertigineuse, Drive préfère prendre de gros morceaux du gâteau dans des entreprises qui n’intéressent parfois… qu’eux ! Résultat, ils se retrouvent souvent seuls à table — et peuvent dévorer l’essentiel. Sur les 20% de leur portefeuille où ils sont les seuls investisseurs, c’est la tranquillité qui prime sur la hype.
Pas que des paillettes cependant : Duolingo ? Un carton. Vast Data ? Pas mal du tout. Mais Olive AI ? Eh bien… disons que même les chauffeurs de la Silicon Valley prennent parfois le mauvais embranchement sur l’autoroute. Mais là où certains se brûlent les doigts, Drive revendique sa spécificité : miser sur les talents hors des sentiers battus, dans des villes qu’on retrouve plus souvent dans les concours de barbecue que dans les montages de start-up !
En multipliant les relais (Columbus, Austin, Boulder, Chicago, Atlanta, Toronto) et en s’intéressant à l’assurance dentaire ou… à la soudure autonome, Drive veut démontrer que la révolution technologique n’est pas réservée qu’à ceux qui croisent Mark Zuckerberg à la machine à café. D’ailleurs, l’arrivée de Peter Thiel et Palmer Luckey avec un projet de banque crypto à Columbus donne (enfin) raison à Olsen et ses santiags. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, la Silicon Valley s’inspirera du Midwest… Mais attention, spoiler : il faudra avant goûter à la sauce barbecue.
En conclusion, Drive Capital prouve qu’en matière d’investissement, il n’y a pas que la côte Ouest qui brille. Les routes du capital-risque sont pleines de surprises, surtout si on aime les grands espaces et qu’on n’a pas peur de rouler à contre-sens. Les paysages sont différents, mais le retour peut être monumental — un vrai « Drive » de champion !
Source : Techcrunch