Prêts pour une plongée dans la grande lessiveuse algorithmique ? Entre réseaux sociaux qui siphonnent vos bavardages, services musicaux qui baladent votre ego entre Brel et Baby Shark, et plateformes vidéo qui transforment tout contenu en twerk digitalisé, la tech façon 2025 étire, malaxe et recycle notre identité comme une pâte à modeler sous amphétamines. Ce qui relie Meta, Spotify, OpenAI et YouTube ces jours-ci ? Un seul mot : l’extraction. Données, créativité, énergie, tout est matière première pour la machine sociale – quitte à ce qu’à la fin, il ne reste de nous qu’un Wrapped bien propre et un deepfake remix de notre existence.
Le règne algorithmique, c’est d’abord cette joyeuse promesse d’assistants omniscients qui “personnalisent” nos expériences… tout en les uniformisant férocement. Meta rafle désormais la mise sur chaque syllabe murmurée à ses IA : un fantasme publicitaire où même vos doutes existentiels servent à vendre des Ray-Ban, sauf si vous habitez dans une enclave où le RGPD fait encore barrage. De l’autre côté, Spotify moralise la honte musicale en permettant de bannir “La Reine des Neiges” de votre profil, flatterie algorithmique suprême pour l’ego millénial. La customisation ? Oui, tant qu’elle reste archivée et monétisée.
Mais cette compétitivité publicitaire et identitaire ne se limite pas à ce que nous consommons ou divulguons. Elle irrigue aussi la fabrique de l’infrastructure elle-même. OpenAI bâtit cinq nouveaux « Stargate » pour servir une IA pantagruélique, sur fonds publics et kilowattheures privés. Et quand YouTube dope ses outils de création pour généraliser le remix et le clip généré par IA, elle fait de la créativité une ressource energy-intensive, digérée à l’échelle industrielle. L’inspiration n’est plus humaine, elle est compute, GPU et marketing. Pendant ce temps, les conférences tech vendent la disruption et les rencontres “in real life” comme si c’était la dernière tribu Amazonienne non monétisée (TechCrunch Disrupt, temple du networking turbochargé au caleçon taché de données).
L’IA ne rêve pas notre monde, elle endort nos différences sous les spotlights du même.
La boucle est donc quasi bouclée : l’énergie alimente les clouds, les clouds alimentent les IA, les IA récoltent nos contenus, qu’elles redistribuent ensuite, recyclés, “personnalisés” – parfumés à la mémoire de nos plus grands moments et de nos pires gaffes. De la data à l’électricité, de la recommandation musicale à la monétisation de nos embarras, tout converge vers la même méga-usine numérique. Même la créativité, cet ultime bastion de la particularité humaine, devient datafication pur jus une fois passée à la moulinette Google. La start-up parade n’est que la vitrine “fun” d’une industrie de l’homogénéisation de soi – avec, parfois, l’illusion d’un bouton pour effacer la honte… ou du moins la masquer dans les logs du grand algorithme universel.
Sous le clinquant de ces nouveautés, le vrai champ de bataille s’étend : qui possède l’infrastructure, qui ordonne la narration de notre vie (ou de nos playlists), qui rafle la capacité de discriminer entre le “moi” sincère et celui qui a juste succombé à “Une souris verte” sous la contrainte familiale ? Tant que nos tranches de vie, voix et souvenirs resteront compressibles, partageables et valorisables, la machine digitale continuera son festin – jusqu’au prochain bug, ou jusqu’à ce qu’on décide de parler tricot et rêver Stargate sans plus rien uploader.




