Ce matin, la planète tech ressemble à une immense salle de réunion où les ego gonflés rivalisent, et où toutes les tables sont bancales… sauf celles que DoorDash livre en kit grâce à des robots. Entre souveraineté numérique, fuite de cerveaux managériale, robots-coursiers et encyclopédies titubantes, le numérique poursuit sa mutation chaotique en un spectacle de marionnettes géopolitiques et de clowneries algorithmico-commerciales. Ici, tout le monde veut avoir la télécommande… mais qui change vraiment les piles ?
Prenez la saga TikTok, habillée de “souveraineté numérique” alors qu’on assiste, en réalité, à une partie de Monopoly entre puissances : gestion d’algorithmes, contrôle des flux, poker menteur sur les minerais rares. Derrière l’écran de fumée diplomatique, ce sont toujours les mêmes oligarques de la tech comme Oracle ou Andreessen Horowitz qui récupèrent la mise, pendant que les jeunes scrollent et dansent, peu importe de quelle capitale vient le Big Brother. Et alors que la “protection” annoncée n’est finalement qu’un relocataire du conseil d’administration, la question de fond demeure : le pouvoir numérique change-t-il vraiment de camp ou opère-t-il simplement un ravalement de façade ?
Pendant ce temps, chez X (ex-Twitter), Musk dirige son navire à coups de décisions brutales, poussant des dirigeants chevronnés vers la sortie plus vite qu’un burrito livré par Serve Robotics. Cette instabilité managériale, loin d’être une bizarrerie isolée, fait écho au bal des investisseurs qui encensent, dans le même élan, Deel et Rippling, deux startups RH dont le principal fait d’armes est…de s’espionner devant le juge, tout en levant des montagnes de cash. L’argent adore le chaos tant qu’il promet des dividendes : l’éthique n’a jamais été qu’un budget annexe, vite coupé quand la croissance s’emballe.
Ceux qui gagnent à la loterie de l’innovation sont rarement ceux qui écrivent les règles — ils les réécrivent, tout simplement, jusqu’à ce que le jackpot leur convienne.
Étrange ironie : alors que les plateformes s’entre-déchirent pour “retenir” l’attention, c’est la vieille encyclopédie Wikipedia qui s’étiole, victime à la fois de son altruisme originel et de la machine infernale IA — une IA qui recycle son savoir gratuitement, tout en aspirant la dernière parcelle de clics. La crise de Wikipedia n’est pas seulement celle d’une audience déclinante : c’est celle d’un modèle de transmission du savoir, piraté par des algorithmes voraces et concurrencé jusque dans la dernière ligne droite par les bots livreurs de tacos numériques. Dans ce monde, la course n’est pas au sens, mais au volume et à la profitabilité : livrer vite, lever beaucoup, afficher le plus d’utilisateurs… humains ou robots, quelle importance ?
À force de livrer des burritos à toute vitesse et de changer de capitaines sans plans sur la comète, la tech s’autorise toutes les “innovations” — sauf celle de l’introspection. On célèbre la souveraineté sur TikTok, on applaudit la croissance sur fonds de procès, on bénit chaque robot qui roule sur la solitude urbaine : au final, la technologie, devenue spectacle permanent, mitonne surtout son autocélébration. Tant que ça rime avec profit… Qui prendra encore le temps d’aller vérifier la source ?




