Innovation sous stéroïdes : quand la planète tech perd le sens commun

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Innovation sous stéroïdes : quand la planète tech perd le sens commun

Qu’on se le dise : il flotte comme un parfum de mondialisation algorithmique et de mêlée technologique, où chaque continent joue la carte de l’innovation pour éviter de finir simple figurant dans la grande fresque de la disruption. De Bombay à Baltimore, des Mac fougueux sous OpenAI aux deux-roues kenyans, la tech explose les frontières – parfois avec grâce, souvent avec une candeur qui confine au burlesque. Mais derrière chaque coupe Battlefield, chaque levée de fonds stratosphérique ou chaque bot facétieux, une question taraude : sommes-nous les architectes d’un monde plus efficient ou juste les figurants d’une compétition permanente où l’originalité est l’excuse parfaite pour escamoter la réflexion de fond ?

À l’Est, l’Inde pose ses jalons, décidée à ne plus être le back office du grand business, mais à fournir enfin ses propres modèles au monde. Au Sud, l’Afrique recharge la mobilité sur batterie plutôt que sur promesse, prouvant qu’à force de vouloir résoudre les problèmes du quotidien (routes, emploi, énergie), on touche peut-être la vraie quintessence de l’innovation. Mais l’Occident n’est pas en reste : il préfère organiser des Startup Battlefield pour couronner le génie logistique ou thérapeutique, tandis que la Silicon Valley, elle, célèbre ses nouveaux totems IA, de la voix omniprésente à l’agent qui vous rédige vos mails comme s’il réglait une dette karmique.

Or ce foisonnement crée aussi ses monstres. À Baltimore, la promesse de la sécurité algorithmique se fracasse sur la possibilité d’une erreur à 99 cents le paquet de chips, là où l’infaillibilité de la machine se cogne à l’irresponsabilité humaine. À Londres, Jack et Jill prétendent réconcilier l’homme et l’IA pour un recrutement sans baguette magique, mais avec la certitude que la sélection plus « intelligente » ne fait, en fait, qu’accélérer la grande loterie numérique de la vie moderne. De même, Rizzbot et consorts prouvent que même l’affect peut désormais se monnayer en punchlines, et que le malaise algorithmique n’a plus rien à envier à la froideur du RH automate.

À force de brasser de l’innovation, la société s’intoxique à sa propre course, oubliant parfois quelles valeurs elle encode avec tant d’enthousiasme.

Ce tourbillon d’initiatives nous offre aussi une étrange convergence : partout où la technologie s’immisce, elle promet d’automatiser, d’accélérer, de maximiser – mais elle déleste aussi l’humain de sa capacité à douter, à échouer, à improviser. De Sky sur Mac piloté par OpenAI aux API génératives qui transforment 10 lignes de code en publicité mondiale à la vitesse de la lumière, la mainmise sur nos outils devient si absolue qu’elle questionne notre propre utilité, notre capacité à négocier le vrai à l’heure du tout synthétisé. OpenAI, c’est la baguette magique qui donne la voix, l’image et le buzz, mais gare au retour de bâton si, demain, tout échange authentique finit cappucciné par un agent logiciel invisible.

Moralité, l’innovation n’est pas un sprint mais un marathon pavé d’erreurs humaines (et parfois robotiques), où l’originalité se négocie âprement entre le marché et la société. La vraie question n’est peut-être pas de savoir si l’Inde deviendra la nouvelle Silicon Valley ou si OpenAI inventera la voix parfaite, mais bien de se demander : serons-nous capables de discerner, sous la surface algorithmo-mondialisée, ce qui fait véritablement progrès — et ce qui n’est qu’un dérapage contrôlé de plus, emballé dans du storytelling 3.0 ?

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