« Quand on veut faire parler l’IA coréenne, il ne suffit pas de télécharger un pack de sous-titres. »
Ces derniers temps, les géants du numérique sud-coréens, du moindre LG à la startup de quartier, se sont lancés dans une bataille titanesque façon K-drama, mais avec moins de romance et beaucoup plus d’algorithmes. Au menu : développer des modèles d’intelligence artificielle (IA) XXL faits maison, taillés sur mesure pour la langue et la culture coréennes. Oubliez la Silicon Valley : Séoul rêve désormais d’une IA qui lui ressemble et, entre nous, ça donne du piment au kimchi numérique !
La Corée du Sud ne plaisante pas : elle a sorti le carnet de chèques, alignant 530 milliards de wons (soit un joli 390 millions de dollars) pour financer cinq champions locaux triés sur le volet : LG AI Research, SK Telecom, Naver Cloud, NC AI et le petit poucet Upstage. L’objectif caché ? Moins dépendre des cerveaux d’OpenAI, Google ou Meta et garder la main sur les précieuses données nationales. Et comme dans un jeu télévisé, tous les six mois, ceux qui traînent la patte verront leur financement coupé, histoire de ne garder que les meilleurs – à la coréenne, donc très compétitif et un brin dramatique.
Face au rouleau compresseur américain, la Corée joue la carte du sur-mesure pour que son IA parle – et pense – coréen pur kimchi.
Mais attention ! Loin de cloner ChatGPT avec du soju, chacun joue sa partition. LG, par exemple, mise sur Exaone 4.0, une IA hybride qui préfère l’efficacité à la gonflette du nombre de paramètres. L’équipe préfère peaufiner les données, souvent issues de l’industrie, pour rendre ses modèles malins, pratiques et économes en énergie (et en GPU cher). C’est la philosophie « malin comme un renard, mais branché sur secteur ».
Côté SK Telecom, la recette, c’est la polyvalence. Fort de son bot A.dot et son modèle A.X, construit sur Qwen 2.5 (un modèle chinois open source), SK mise sur son immense base d’utilisateurs, son réseau télécom, et des services pratiques allant du résumé d’appels au taxi-hailing. Ils veulent connecter la théorie à la pratique, tout en s’équipant de plus gros muscles cloud et GPU en collaboration avec AWS et les chipmakers locaux. Et pour ceux qui douteraient, ils rappellent leurs partenariats de choc avec MIT et consorts pour doper batteries et semi-conducteurs à l’IA.
Naver Cloud, de son côté, joue la carte du « full stack ». HyperCLOVA X, leur modèle fait maison, est la marmite dans laquelle mijotent toutes leurs applications phares, de la recherche à l’achat, en passant par des services pour seniors. Leur atout : tous les ingrédients (data center, cloud, applications, etc.) sont produits localement, ce qui leur permet de recetter de manière optimale afin de rivaliser avec Google façon cuisine fusion… mais 100% hanbok ! Ils visent le raffinement, pas la surenchère technique.
Enfin, la startup Upstage, outsider genre Rocky Balboa, frappe fort avec Solar Pro 2. Moins de paramètres mais une vraie efficacité sur les benchmarks locaux – comme quoi, la taille (du modèle) ne fait pas tout. Leur credo ? Conquérir des secteurs où l’IA généraliste ne fait pas le poids, en misant sur la finance, la médecine, ou le droit, et en créant tout un écosystème de jeunes pousses « made in Korea ».
Bref, dans ce feuilleton IA, la Corée du Sud prouve que l’innovation n’a pas toujours un passeport américain. Qui l’eût cru ? L’IA du pays du matin calme pourrait bien réveiller tout le secteur, et disons-le franchement : bientôt, même l’algorithme sera « Oppa » !
Source : Techcrunch



