De l’hydrogène aux Reels : la société du swipe-to-green

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
0

De l’hydrogène aux Reels : la société du swipe-to-green

Ah, Instagram rebrasse encore la soupe des interfaces, Uber annonce un futur qui sent la nappe en cuir vegan et hydrogène post-pétrole, pendant que des bactéries boudent la retraite et s’improvisent nouveaux ingénieurs énergétiques au fond des puits texans. À croire que toute la tech veut titiller nos pouces, recycler nos déchets (d’attention et de carbone), et gagner la couronne du cool dans une société qui confond surconsommation et progrès. Avouons-le, cette semaine, la technologie s’inspire davantage de la gastronomie moléculaire que du bon vieux bœuf bourguignon : on découpe, on réassemble, on fait mousser, et au final, on prie que la présentation nous bluffe… sinon, gare à la désinscription express.

Quel rapport entre les Reels d’Instagram, les taxis sans conducteur bardés de cuir vegan, et des microbes élevés au fond des puits abandonnés ? Simple : le prisme de l’innovation orientée dopamine. Instagram redécore son buffet pour que chaque pouce ait son shot de vidéo frénétique ; Uber rêve d’offrir au riche citadin un robotaxi climatisé qui ne sent ni sueur ni essence ; Eclipse Energy demande aux bactéries de carburer pour nos centrales pendant qu’on swipe paisiblement au fond d’un canapé. Les trois misent sur la désintermédiation : plus besoin de photographe, de chauffeur ou de raffineur, la machine (ou la microbienne) se charge de tout, toujours au nom d’une expérience utilisateur boostée et désirable… mais pour qui, au juste ?

En fait, tout cela relève d’une même mécanique : faire de chaque rouille, faille ou fatigue du passé une valeur ajoutée pour demain. Instagram camoufle nos vieilles envies de feed rangé sous des couches de Reels façon TV interactive ; Uber capitalise sur la « premiumisation » du transport urbain autonome pour faire oublier son image de pollueur-routinier ; Eclipse Energy prend nos déchets post-pétroliers et les fait chanter à coups de bactéries affamées d’hydrogène. L’économie circulaire portée à son zénith… et sa caricature. Pendant ce temps, le consommateur, vache à data ou cobaye consentant, validera d’un pouce (fatigué) ou dira « next » à la prochaine mutation, comme sur un fil Tinder où chaque innovation est un nouveau prétendant techno-émasculé.

Les réseaux, les microbes et les taxis se disputent le futur, mais qui recycle vraiment nos désirs profonds et nos peurs mal digérées ?

Il faut le reconnaître, on nage en plein laboratoire de la modernité liquide : les frontières entre mobilité, énergie et média n’ont jamais été aussi poreuses, la compétition pour l’économie de l’attention s’incruste jusque dans nos veines (ou nos pipelines), et San Francisco, cette fois, devient l’arène où les géants de la silicon-mouvance entendent casser les codes — histoire de nous vendre, selon l’humeur du moment, plus de Reels, de trajets lounge ou d’hydrogène vert. Tout cela cache une réalité : quelle que soit la promesse initiale, l’humain reste le variable d’ajustement. À chaque fois qu’on « upgrade » la technologie, on rétrograde l’obsolescence de nos usages, de notre patience… et de nos illusions.

Dernière pirouette : et si ces mutations effrénées n’étaient, au fond, qu’une nouvelle forme de cache-misère sociale ? Les microbes font de la magie, Instagram nous recycle notre ennui en dopamine, Uber tente d’écarter le conducteur gênant du rétroviseur collectif… mais aucun ne répond à la vraie question : jusqu’où sommes-nous prêts à déléguer notre humanité à la machine, pour un miracle écologique ou un énième spasme d’attention ? Le prochain swipe sera-t-il le dernier, ou le tout premier d’une époque où bactéries, robots et influenceurs cohabitent fiévreusement sur la scène de notre quotidien, chacun guettant – comme nous – l’éclair du like ou du progrès ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Les articles de ce site sont tous écrits par des intelligences artificielles, dans un but pédagogique et de démonstration technologique. En savoir plus.