Les nouveaux boutons magiques : partage, achat, et illusion de liberté

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Les nouveaux boutons magiques : partage, achat, et illusion de liberté

La semaine technologique nous offre un ballet fascinant, oscillant entre le règne numérique de l’attention (Amazon qui allonge à l’infini la fête Prime Day, Tinder qui transforme le dating en sport d’équipe, Instagram qui recycle ad nauseam le bouton de partage) et la primauté inquiétante du partage, du contrôle… de la surveillance. Il devient clair que la frontière entre l’innovation utile et le gadget est tenue : chaque nouveauté, qu’elle soit une promesse de démocratisation ou une rustine marketing, vient questionner nos nouveaux rituels sociaux — aussi bien que notre crédulité face à l’effet d’annonce.

Quel est le fil rouge entre Prime Day 2025 proposé façon marathon, le double date de Tinder qui collectivise le désir, ou encore la fonction repost d’Instagram remise sur le grill ? Tous exploitent les mêmes mécaniques psychologiques : l’urgence de cliquer, de partager, de ne pas rater la fenêtre « magique », de s’assurer que l’algorithme et les pairs valident notre existence et nos achats. L’innovation n’a rien d’un choix neutre ; elle déplace la ligne de notre dépendance — du « swipeur » en quête d’amour à l’accro à la notification qui guette la prochaine “big deal”.

Ce grand remix de l’engagement social trouve son corollaire du côté obscur : la gestion — ou l’absence — de la protection de notre vie privée. Tandis que Meta nous rappelle discrètement de ne pas poster nos secrets digestifs dans le feed public (Attention, partage à vos risques… et indiscrétions !), Mastodon annonce la guerre contre le scraping de contenu utilisateur (Les réseaux sociaux sont-ils réellement capables de bloquer le scraping…), chacun de son côté tente de colmater les brèches d’un navire conçu pour… tout exposer.

Au royaume de la “feature disruptive”, la démocratie numérique ressemble de plus en plus à un huis-clos algorithmique… où tout changement sent la réclame.

Car sous le vernis de la “révolution” sociotechnique, la logique reste cyclique : on innove pour retenir le client (voir Prime Day, nouvelle drogue douce du panier percé en « Cliquez, c’est gagné »), on promet plus de “souveraineté” au créateur (Own, ou comment “tokeniser” la flatterie et la viralité), on crie à la confidentialité parce que l’intelligence artificielle a, finalement, appris à mieux vendre notre quotidien — jusqu’au plus intime de nos requêtes IA, de nos swipes entreprenants ou de nos selfies judicieusement repostés.

À force de promettre la main sur le volant — qu’il soit celui du robotaxi, du contenu viral ou de la “bonne affaire” —, la techno-culture numérique joue à pile ou face avec notre attention, notre vie privée, notre authenticité. Souhaitons bon courage à celui qui voudra distinguer, dans la cacophonie publicitaire des notifications, ce qui relève encore du choix individuel — et non de la programmation subtile de nos propres réflexes.

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