Futur sans couture : quand la ville idéale se plie au business, et le climat à l’algorithme

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Futur sans couture : quand la ville idéale se plie au business, et le climat à l’algorithme

L’heure est grave, et le progrès sonne creux : pendant que la Silicon Valley bâtit des villes sorties d’un roman de science-fiction (Solano Foundry), la réindustrialisation américaine revêt le costume high-tech d’usines “as a service” pour milliardaires en goguette (Hadrian). Tandis que les élus technos promettent une prospérité inclusive grâce à des smart cities mi-Disneyland mi-hub industriel, la réalité sent bon le gated community bétonné, où l’ouvrier humain devient aussi rare qu’un congrès de startuppeurs sobres. À l’ombre des hangars bardés de capteurs, on a surtout inventé le NIMBY du XXIe siècle : Not In My Business, Yield!

Ce nouvel âge doré de la machine ne pouvait arriver sans son pendant écologique : le centre de données débonnaire qui aspire le carbone, puis le refoule joyeusement dans des contrats verts pleins de promesses creuses (Microsoft et Vaulted Deep). Pendant que les géants comme Microsoft jouent à saute-mouton sur leurs engagements “carbone négatif”, la réalité comptable s’empile sous forme de crédits et de forêts imaginaires – car c’est bien connu, plus il y a d’IA, plus la planète respire… artificiellement. Dans cette partition pseudo-écolo, les ingénieurs, eux, continuent à creuser la faille (numérique et climatique) tout en jurant qu’on finira par tomber sur le jackpot : la neutralité carbone made-in-Silicone.

Au même moment, l’industrie du divertissement rafle la médaille des contradictions : tandis que Netflix se félicite de créer des scènes d’effondrement par IA pour des séries argentines, la télévision connectée s’autoproclame libératrice du câble (Zappons le câble)… mais finit par coûter aussi cher que l’ancien satellite planqué dans la cave des parents. Chacun prétend démocratiser l’accès, ouvrir le septième art aux foules, tout en standardisant la créativité à coups de benchmarks et d’algorithmes publicitaires. Au fond, la seule certitude : entre cloud, usines, et binge-watching en 8K, c’est surtout le portefeuille qui plie sous le poids du “progrès”.

La ville du futur promet la prospérité pour tous, sauf pour ceux qui ne sont ni codeurs ni propriétaires…

Mais l’apothéose du paradoxe, c’est cette tentation de la totale délégation : OpenAI promet à chacun son agent ChatGPT multi-connecté (ChatGPT agent), qui planifiera repas, achats, et peut-être un jour, votre existence citoyenne dans la Villes-Martin high-tech de la Silicon Valley. Le citoyen n’a qu’à glisser sa checklist à la machine : de la gestion du carbone au cyber-surveillance à la carte, tout devient service emballé – pour peu qu’on accepte de s’inscrire sur la (longue) liste des Pro ! Car à l’heure où rares restent les postes manufacturiers pour humains, et où la transparence sur l’IA vaut pour sport d’élite, il n’est pas certain que les promesses de l’industrie nouvelle soient faites pour « tous ».

Peut-être le véritable progrès serait-il de demander, avant chaque lancement d’IA, d’usine sans ouvriers, ou de “ville pour tous”, à qui profitera vraiment la prochaine révolution ? Tant que la startup nation creuse le sol pour y jeter son CO2 plutôt que pour y planter du sens, le nouveau paradigme restera celui de l’enclos doré et de la grande promesse creuse. Mais rassurons-nous, le dernier humain demandé en “usine à la demande” pourra toujours coder les bannières publicitaires vantant l’écoresponsabilité du prochain data center. La Silicon Valley rêve sa ville éternelle : ultra-connectée, ultra-captive, et ultra-solitaire.

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