Dans un monde où l’IA génère indifféremment courts-métrages, codes métiers et conseils parentaux, la comédie humaine se réinvente à la vitesse d’un GPU overclocké. Que Midjourney vous promette cinq secondes de poésie visuelle, que Nvidia draine la ruée vers l’IA comme les Rockefeller du silicium, ou qu’un VC tel a16z se fasse hacher en beauté sur X, la technologie jette ses dés sur tous les tapis. Ce n’est plus seulement la disruption : c’est la grande kermesse du digital où chaque acteur tente d’imprimer sa marque avant que le feu d’artifice ne tourne à l’écran noir (au sens propre pour Starship, au sens figuré pour la blockchain).
Pour ajouter du croustillant, cette frénésie financière propulse des startups IA américaines vers des tours de table vertigineux – 49 mega-rounds 2024-25, records de levées de fonds et appétit délirant des VC. À la racine de ce boom ? L’infrastructure – hardware Nvidia, data à la tonne, et capital arrosé façon Vegas un soir de finale. Mais sous le bling bling, la pyramide repose sur la confiance (ou la croyance) que ces IA révolutionneront tout : la vidéo, la santé, la compta… même l’investissement de la diaspora africaine s’en remet à la blockchain pour enfin rendre le cash productif (coucou Borderless).
Car désormais, la “scalabilité” – ce mantra d’entrepreneur – se joue autant sur scène (merci TechCrunch All Stage !) que dans nos quotidiens atomisés par l’assistant IA. Multiplier Holdings le comprend : exit l’innovation “from scratch”, l’art consiste à racheter les PME plan-plan pour leur injecter une dose d’IA, dérouler l’automatisation façon rouleau-compresseur, et doubler les marges tout en réduisant l’humain à un facteur “optimisable” (Multiplier Holdings). C’est le même rêve, de la gestion d’enfants aux vidéos générées, de la transaction financière à la sécurité (DuckDuckGo, Wyze…), où l’algorithme promet la quiétude… tout en exposant de nouvelles failles sociales, éthiques et techniques.
À force de mettre l’IA partout, de la nounou à la jet set des startups, ce sont nos repères et nos illusions qui finissent rebootés – souvent pour le meilleur, mais parfois pour le buzz ou le bug.
Finalement, dans cette vaste loterie techno-financière, le danger guette autant dans l’emballement spéculatif que dans la paresse du progrès. Les problèmes juridiques de Midjourney, les failles de sécurité de Wyze, les promesses d’investissement collectif sous surveillance algorithmique : chaque avancée accélère l’émergence de nouveaux défis – et derrière la facade opaline de la “révolution IA”, subsiste la vieille question du sens et de la confiance. Qui pilote ? Vraiment ? La tech, en 2025, fait plus que disrupt : elle recycle sans cesse ses propres utopies, parfois au prix de rebrandings clinquants ou de feux de paille spectaculaires (littéralement, pour SpaceX ou la réputation de a16z sur X).
On rit, on code, on investit, on se projette dans des lendemains stimulés à la dopamine artificielle, mais la toile de fond demeure : jusqu’où la société peut-elle digérer cette accélération, et qui garde le droit de poser sur “Pause” ? De la nursery d’Altman aux startups dopées à la levée de fonds, la frontière entre progrès réel et emballement n’a jamais semblé aussi fine… ni aussi poreuse.