Comment une simple classe sur les marques de commerce à Harvard peut-elle conduire à révolutionner la lutte contre la contrefaçon mondiale grâce à l’intelligence artificielle ? Est-ce que la technologie peut vraiment mettre fin à une industrie criminelle pesant plus de 3 000 milliards de dollars par an ?
C’est le parcours inattendu de Mark Lee, aujourd’hui à la tête de MarqVision. Alors qu’il s’imaginait avocat comme le reste de sa famille, c’est un chiffre cité en cours qui l’a fait dévier de ce destin : près de 8 % du commerce mondial serait constitué de produits contrefaits. Que faire face à une industrie en croissance rapide, dopée par le commerce en ligne et les réseaux sociaux pendant la pandémie ? Lee s’est posé la question, et il a trouvé sa réponse dans la technologie, notamment dans la computer vision alliée à l’IA.
D’où vient l’idée de MarqVision ? « Cette problématique universelle pouvait être traitée grâce à une technologie émergente », explique Lee. En 2021, il cofonde la startup avec l’ambition de créer une IA capable de détecter et d’effacer les contrefaçons en ligne à grande échelle. Mais une bonne idée peut-elle survivre à l’épreuve du marché, surtout dans un contexte international où le droit de la propriété intellectuelle ignore les frontières ? L’avenir semblait incertain.
MarqVision veut devenir la colonne vertébrale technologique de toutes les marques mondiales face à la contrefaçon numérique.
En 2025, MarqVision vient de lever 48 millions de dollars (pour un total de 90 millions), prouvant que la finance croit à sa vision. L’argent servira à l’expansion internationale mais aussi à intégrer encore plus d’IA et de services automatisés. Mais pourquoi des investisseurs majeurs — de Peak XV Partners à Salesforce Ventures — misent-ils autant sur ce qui était perçu comme un « simple service juridique » ? Serait-ce parce qu’avec l’IA, même les services deviennent scalables comme du logiciel, changeant ainsi totalement l’économie du secteur ?
Les résultats sont là : plus de 350 clients, de la mode au jeu vidéo, avec une croissance de chiffre d’affaires annuel passant en quatre ans de 1 à 20 millions de dollars et un objectif affiché de 100 millions pour 2027. MarqVision ne se contente plus de détecter les contrefaçons ; la plateforme aide désormais les marques à récupérer directement les revenus perdus, avec jusqu’à 5 % de ventes supplémentaires constatées chez certains clients. L’enjeu n’est donc plus seulement juridique, mais aussi fondamentalement commercial.
Le défi, toutefois, est de taille : cette expansion rapide et cette ambition d’automatiser la gestion de la propriété intellectuelle mondiale ne risquent-elles pas de se heurter à la complexité des législations nationales, à la prolifération des plateformes numériques et à l’ingéniosité sans limite des contrefacteurs ? MarqVision se voit déjà comme un opérateur central de l’intelligence économique et commerciale des marques, promettant même bientôt des outils d’analyse sur la chaîne logistique ou les réseaux de revente.
Mais si l’IA permet d’offrir de nouveaux services de contrôle et d’intelligence de marque, ne crée-t-elle pas aussi de nouveaux risques (exploits technologiques, dépendance, failles juridiques) ? La promesse de MarqVision de transformer une industrie entière sera-t-elle tenable à long terme dans un écosystème digital en perpétuelle mutation ?
En définitive, la question reste posée : à l’heure où la contrefaçon continue d’infester internet, l’IA peut-elle réellement protéger, à grande échelle, la propriété intellectuelle et la croissance des grandes marques mondiales ?
Source : Techcrunch




