« Vouloir dompter la fusion, c’est comme essayer de faire rentrer un soleil dans une boîte de conserve. » Voilà comment je résumerais l’ambition franchement cosmique de Commonwealth Fusion Systems (CFS), la startup américaine qui vient tout juste de décrocher 863 millions de dollars pour chatouiller les atomes jusqu’à ce que jaillisse l’électricité… ou du moins, un peu d’espoir en tube.
Oubliez vos souvenirs de physiques au lycée, ici, on ne parle pas d’un simple courant sur le doigt en hiver, mais de fusion nucléaire : l’énergie des étoiles, version made in Massachusetts. Pour y parvenir, il faut réussir à chauffer, compresser et convaincre des atomes têtus de fusionner dans un plasma survolté — une recette qui, jusqu’à récemment, passait pour le fantasy préféré des fans de science-fiction et des tableurs Excel trop optimistes.
Et pourtant, CFS, avec ses presque 3 milliards de dollars levés (petite poche surdimensionnée pour une startup), veut transformer la fusion nucléaire en business bien réel, propulsant l’électricité pas seulement sur la grille, mais aussi dans la case « rentable ». Leur nouveau joujou, baptisé SPARC, n’est pas juste un gadget hi-tech à poser fièrement dans le salon : c’est un réacteur prototype prévu pour fonctionner l’an prochain dans la banlieue de Boston ; et, promis-juré, s’il tient ses promesses, SPARC accouchera plus d’énergie qu’il n’en aura englouti, un Graal jamais atteint de façon commerciale.
Même si tout le monde a envie de danser la Macarena sur la table, la fusion, c’est encore loin d’être gagné !
Spoiler alert : tout n’est pas sous contrôle, loin de là. Comme le rappelle la physicienne Saskia Mordijck, on n’a pas encore tout compris à la soupe de plasma et il se pourrait bien qu’en allumant SPARC, on découvre des surprises plus… détonantes que prévu. Mais voyons le verre (de plasma) à moitié plein : si le prototype ne grille rien d’essentiel, la société prévoit déjà la suite avec ARC, une centrale grandeur nature en Virginie annoncée pour 2027 ou 2028 (les embouteillages étant plus probables dans la file d’attente d’électricité verte que sur le périph’ à 18h).
Avec la bénédiction (et le chéquier) de tout le gratin mondial — Nvidia, Google, Bill Gates et une ribambelle de banques et d’industriels japonais — CFS n’avance pas seul. D’ailleurs, le premier client à s’aligner s’appelle Google, prêt à absorber 200 mégawatts dès que tout cet arc électrique sera branché. Pour faire simple, le projet attire les investisseurs plus vite qu’un chat devant un laser… mais financer la centrale ARC, ce sera encore un autre sport, puisqu’il faudra, à terme, trouver plusieurs milliards d’euros supplémentaires. Rock’n roll !
Au fond, chaque étape est une expérience grandeur nature : SPARC sert de cobaye pour valider la science, mais aussi pour prendre la mesure de la logistique, des coûts, des galères et des surprises. Une chose est sûre, d’après le CEO Bob Mumgaard : « Nous sommes déterminés à réussir — et, bonne nouvelle, nos investisseurs aussi. » Ouf, il ne manquait plus que la fusion des bonnes volontés, justement !
Après tout, si la fusion finit réellement par fonctionner, on pourra peut-être enfin arrêter de scotcher notre avenir énergétique à des bouts de charbon poussiéreux. Mais pour l’instant, à défaut d’avoir la lumière du soleil dans nos prises, on peut se consoler en regardant le projet SPARC briller dans le monde des startups comme une étoile montante… dans une salle de réunion.
Reste à espérer que la lumière sera bientôt au bout du tunnel… et pas seulement celle du powerpoint !
Source : Techcrunch




