« En Chine, si vous n’êtes pas en censure, c’est que vous y êtes passé par hasard. » Voici un aperçu humoristique de ce que l’on peut retenir de l’affaire Facebook et ses tentatives d’expansion en terre chinoise – un épisode digne d’un scénario hollywoodien où la stratégie d’un géant des réseaux sociaux vire au film de suspense.
Selon des révélations croustillantes partagées par The Washington Post, l’ancienne directrice des politiques mondiales de Facebook, Sarah Wynn-Williams, a soumis à la SEC un document de 78 pages – histoire d’alimenter les discussions – révélant que Facebook aurait conçu un arsenal de censure pour pouvoir s’infiltrer dans les iPhones et les tablettes des Chinois. Ce qui rend cette histoire encore plus croustillante, c’est la possibilité que Facebook ait envisagé de tendre un accès sur un plateau d’argent aux données des utilisateurs chinois pour les autorités du pays. Tout cela dans l’espoir de franchir la Grande Muraille numérique.
Le projet, surnommé « Aldrin », du doux nom de l’astronaute, avait pour mission de faire débarquer Facebook en Chine depuis 2014. L’idée ? S’aligner sur les règles strictes du pays en matière de contenus en embauchant une armée de modérateurs et en laissant une firme de capital-investissement chinoise passer les publications à la loupe. Bien qu’Andy Stone, le porte-parole de Facebook, ait admis ce passé ambitieux dans son commentaire au Washington Post, il insiste sur le fait que cette stratégie a été abandonnée depuis belle lurette, en 2019.
Dans cette saga numérique, Facebook essaie de jongler entre rêves de grandeur internationale et enjeux de liberté d’expression.
Aujourd’hui, Mark Zuckerberg, devenu un fervent défenseur de la liberté d’expression, a tourné la page et décidé de mettre fin à la vérification des faits par des tiers sur Meta, préférant les « Community Notes » façon X. Une révolution virale qui permet à chaque internaute de jouer les journalistes en herbe.
On pourrait dire que cet appétit insatiable de Facebook pour la Chine a permis au géant de prendre conscience de ses limites. À quand une aventure Zuckerberg en mode ninja ? En attendant, Sarah Wynn-Williams nous concocte un livre dévoilant les coulisses les plus insoupçonnées de sa carrière chez le réseau social. De quoi rappeler à tous que, parfois, la frontière entre ambition et compromis est mince.
En guise de conclusion : à user de censure, Facebook est devenu le Facebookus Interruptus – projet inachevé, sans droit de berner et de franchir, même pour quelques amis de plus.
Source : Engadget