Est-il possible qu’une innovation de hackathon bouleverse la technologie militaire, et soit réalisée par trois ingénieurs rencontrés il y a à peine quelques jours ? Voilà la question que soulève l’histoire pas banale de Ian Laffey, Sacha Lévy et Carl Schoeller. Lors d’un hackathon début 2024, ce trio ultra-jeune réussit à fabriquer un drone à moins de 500 dollars, capable de se repérer sans GPS à l’aide d’une simple caméra et de Google Maps. Mais peut-on se fier à une solution aussi ingénieuse en pleine guerre électronique ?
Dans les conflits récents – pensons à l’Ukraine –, le brouillage du GPS est devenu une véritable arme pour désorienter les drones adverses. Or, la plupart du temps, les opérateurs se retrouvent contraints d’utiliser des lunettes de vision pour piloter leur appareil à vue, ce qui engendre son lot de difficultés, notamment lors des pires conditions climatiques. Comment garantir la précision et l’autonomie dans ces environnements hostiles ?
L’expérience aurait pu s’arrêter là, si la publication d’Ian Laffey sur X (anciennement Twitter) n’avait pas fait boule de neige. En quelques heures, cette innovation insolite fait le tour des réseaux et propulse les trois ingénieurs dans une toute nouvelle aventure entrepreneuriale : une candidature à Y Combinator, suivie d’une intégration dans la très prisée promotion Spring 2024. Un simple concours aurait-il pu changer la donne pour la technologie des drones ?
Le pari d’une technologie anti-brouillage, née en 24 heures, attire désormais l’appétit des investisseurs et des forces spéciales.
Nommée Theseus, leur société basée à San Francisco vient de lever 4,3 millions de dollars auprès de First Round Capital, Y Combinator et Lux Capital. Mais en quoi se différencient-ils de géants du secteur comme Skydio, Shield AI ou Anduril, valorisés respectivement à 2,2, 5,3 et même 28 milliards de dollars ? La réponse : Theseus ne construit pas de drones, mais propose une brique essentielle – un système hardware et logiciel permettant à n’importe quel drone militaire d’opérer sans GPS. Pour autant, leur technologie ne concerne pas le ciblage ou la prise de décision : leur but, c’est de garantir un déplacement autonome du point A au point B, rien de plus.
Malgré ce buzz, Theseus n’a signé aucun contrat avec l’armée américaine et leur système n’a pas encore été déployé sur un théâtre d’opération. Pourtant, un événement inattendu est venu tout changer : la viralité de leur tweet a attiré l’attention des forces spéciales US, qui ont proposé de tester leur système en conditions réelles dans une base secrète. Un coup de projecteur saisissant qui pourrait bien décider de l’avenir de la jeune pousse.
Comment cette équipe, sortie de nulle part et rassemblée en si peu de temps, a-t-elle su convaincre investisseurs et militaires ? Leurs débuts fulgurants reposent sur une prise de risque peu commune, et une combinaison rare de compétences techniques et de réactivité. Mais la route est encore longue avant une adoption massive, et il leur faut maintenant transformer ce prototype en solution fiable et industrialisée.
Le secteur des drones militaires, saturé de start-ups et dominé par quelques géants, peut-il réellement être bouleversé par de jeunes outsiders venus du hackathon ? L’épopée de Theseus pose la question : sommes-nous à la veille d’une révolution dans la navigation autonome en milieu hostile, ou assistons-nous à un simple feu de paille dopé par l’engouement viral ?
Source : Techcrunch