Face à la montée fulgurante de TikTok et la domination d’Instagram, Facebook est-il en train de devenir une relique du passé ? Peut-on réellement raviver l’âme d’un réseau social qui semble s’essouffler alors que ses dirigeants eux-mêmes doutent de sa pertinence culturelle ? Derrière les portes closes de Meta, les inquiétudes vont bon train, et la récente publication d’échanges internes lors du procès antitrust des État-Unis éclaire sur le malaise profond qui ronge le géant californien.
Mark Zuckerberg et ses équipes l’admettent : Facebook, autrefois incarnation de la tendance, aurait perdu sa magie. Depuis 2022, les emails partagés durant le procès révèlent une question obsédante : comment redonner à Facebook son influence d’antan ? Pourquoi la plateforme – pourtant stable en terme d’engagement – souffre-t-elle d’un réel déficit de « cool » face à l’audace de ses concurrents ? Et plus surprenant encore : jusqu’où Meta serait-il prêt à aller pour provoquer un électrochoc ?
La tentative la plus récente pour renverser la vapeur ? Un retour aux sources baptisé « OG Facebook » et un nouvel onglet « Amis », censé remettre la convivialité au cœur de l’expérience. Mais en coulisses, Zuckerberg envisageait bien plus radical : supprimer purement et simplement les amitiés Facebook de tous les utilisateurs afin de repartir de zéro. Un geste audacieux, voire désespéré, pour bousculer un système de « friend graph » jugé désuet.
Entre nostalgie et peur du déclin, Meta cherche la recette secrète pour sauver Facebook d’un anonymat qui le guette.
D’après les échanges dévoilés, la stratégie semblait hésiter entre deux mondes : préserver l’identité du réseau autour des « amis » ou se rallier à la vague « following » qui a valorisé Twitter, Instagram et TikTok. Zuckerberg écrivait lui-même que « la structure du friend graph, au cœur de Facebook, semble dépassée pour les années 2020 ». Les utilisateurs délaissent la demande d’amitié, devenue lourde, au profit du simple « abonnement », symbole de légèreté et d’ouverture. Facebook aurait-il raté ce virage des usages ?
Difficile aussi d’ignorer la crainte que tout changement radical n’accélère la fuite des membres. Supprimer tout le passé numérique d’un utilisateur, n’est-ce pas aussi prendre le risque de le perdre à jamais ? D’où la tentation de tester ces vérités dans des marchés plus restreints avant de bouleverser la totalité du réseau. Cette hésitation révèle autour de Menlo Park un sentiment d’urgence face à Instagram et WhatsApp, qui eux, semblent surfer sur la vague du moment.
Enfin, au-delà de la technique, la question de la « pertinence culturelle » demeure au centre des cauchemars des dirigeants de Meta. Si Facebook tombait dans l’oubli, l’empire tout entier de Zuckerberg vacillerait-il ? Pour le créateur de l’entreprise, « il n’existe pas de voie de salut pour Meta sans un Facebook fort. » Mais comment réconcilier héritage des anciens et attentes du public d’aujourd’hui ? Faut-il tout raser, ou restaurer pas à pas ?
Le débat reste donc ouvert. À l’ère où la loyauté numérique est plus volatile que jamais, Meta saura-t-il surprendre ses utilisateurs ou ne nourrira-t-il que davantage le sentiment de déclin irréversible ?
Source : Techcrunch