À observer la semaine techno qui vient de s’écouler, une seule question s’impose : les machines rêvent-elles de victoire, ou ne font-elles que singer nos propres errances ? Qu’on regarde ces robots-marathoniens défaillants de Pékin ou les IA d’OpenAI si promptes à halluciner, l’innovation ne cesse de piétiner la frontière ténue entre prouesse technique et sublime naufrage — un marathon existentiel, où l’électronique court avec ses illusions greffées au mollet.
Car pendant que Tiangong Ultra tente de recréer la foulée humaine, lesté de batteries et d’humains-guides pour éviter de finir dans le décor (encore heureux qu’on les refroidisse à l’électricité et pas à la sueur !), les IA d’OpenAI prennent, elles, leurs rêves pour des datas, fabulation sur fabulation, au mépris de toute logique. Plus on aligne de neurones artificiels, plus ça délire à chaque benchmark, plus les ingénieurs courent derrière la solution pour éviter de finir dépassés par leur propre création, voire poursuivis au civil. Robots et IA, c’est la même blague cosmique : imiter le vivant, trébucher, puis recommencer en version 2.0, mais sans plus comprendre pourquoi on chute que ce qui rend la lumière verte… verte.
Dans ce carnaval du progrès, la nostalgie fait son grand retour. On la retrouve aussi bien dans Tempest Rising, héritier digital de Command & Conquer qui surfe sur la vague marketing du “c’était mieux avant, mais maintenant c’est toujours pas clair”, que dans la Switch 2 de Nintendo, où l’accès “universel” vire déjà au parcours d’obstacles, histoire d’entretenir plus la hype que la justice. Les machines ressuscitent, les consoles se refinancent, les joueurs campent la nuit — et tout le monde espère décrocher le saint Graal du branchage HDMI, tout en redoutant de manquer la vague faute de 50h de jeu et d’un abonnement sur douze mois. Le progrès, dans le fond, n’est toujours qu’une étoile filante pour ultra-connectés.
La technologie, c’est la nostalgie qui trébuche sur l’algorithme, tout en rêvant de s’inventer un avenir.
Et alors même que la science-fiction s’interroge sur son avenir dans Doctor Who, oscillant entre passé qui colle et tentation d’innovation trop indigeste, la sphère technologique, elle, s’enferre dans des procès — Google et Meta jouent à « qui a le monopole le plus toxique », pendant qu’OpenAI brûle ses liquidités, ses neurones et accessoirement des ponts avec ses ingénieurs historiques, façon feu d’artifice sous la cloche des régulateurs. On rêve tous d’un futur éblouissant, mais dans la Silicon Valley comme chez Nintendo, le grand frisson consiste à repousser la déchéance, recycler l’ancien, ou halluciner un progrès qui finalement n’arrive jamais sans bégayer ; et si possible, en gardant la main sur la caisse.
En somme, de la robotique du bitume à la poésie lunaire de l’algorithme en passant par le retour du joystick à 500 dollars, la tech nous prouve chaque jour que l’humanité court après son propre reflet. Une illusion d’avance, une génération de batteries au-dessus de la ligne d’arrivée réelle, société et machines s’éblouissent, chutent, recommencent — et feignent, le plus sérieusement du monde, de réinventer la roue quand il s’agit juste de réécrire le mythe de Sisyphe. Le bug, lui, n’est pas un accident, c’est notre fierté : l’erreur de l’IA ou du marathonien d’acier n’est qu’un miroir tendu à notre propre désir de courir avant de savoir où il faut aller.