Quel est le secret du succès spectaculaire de Revolut en 2024, alors même que l’entreprise semble repousser son entrée en bourse ? La fintech britannique affiche des résultats financiers impressionnants, mais n’est-il pas temps de se demander ce qui se cache derrière cette croissance fulgurante et ces ambitions mondiales exacerbées ?
Revolut, valorisée à 45 milliards de dollars, a révélé un bénéfice net d’un milliard de dollars en 2024. Plus frappant encore : sa base de clients a bondi de 38 %, atteignant pas moins de 52,5 millions d’utilisateurs. Mais comment la néobanque a-t-elle fait pour doubler son bénéfice net par rapport à 2023 et transformer ses services de manière aussi profonde, au point de faire de sa branche « Wealth », autrefois secondaire, le moteur de sa croissance ?
L’obtention tant attendue d’une licence bancaire au Royaume-Uni marque un tournant majeur pour Revolut. Mais l’essentiel se joue-t-il seulement sur le territoire britannique, alors que la société accélère son déploiement international, notamment au Mexique, et ne cache pas son intention de doubler sa clientèle ? Pendant que ses revenus explosent – une hausse de 72 % pour atteindre 4 milliards de dollars, selon son rapport annuel – la diversification de ses produits, notamment dans l’univers de la crypto avec l’émergence de Revolut X, intrigue autant qu’elle séduit les marchés.
Face à cette expansion effrénée, la question demeure : jusqu’où Revolut peut-elle aller avant de subir les conséquences de son ambition globale ?
Car si la nouvelle plateforme d’échange crypto, Revolut X, fait apparaître la société comme un mastodonte du secteur, aucun détail chiffré n’est précisément donné sur ses recettes propres. Pourquoi tant de mystère, alors qu’on souligne la croissance ahurissante de 298 % de la division « Wealth » ? S’agit-il simplement d’une stratégie de communication ou bien Revolut protège-t-elle des projets encore plus disruptifs à venir, comme l’éventuelle création d’un stablecoin maison, attendu sur plusieurs juridictions au-delà de l’Europe ?
Le CEO Nik Storonsky évoque une année « charnière » : près de 15 millions de nouveaux utilisateurs, une interaction plus poussée avec les services étendus et un véritable assaut vers de nouveaux marchés. Avec ces ambitions, Revolut ne cherche-t-elle pas à s’imposer comme un acteur majeur du secteur bancaire mondial, voire comme une alternative crédible aux institutions traditionnelles, à l’heure où la digitalisation remodèle l’économie du secteur ?
Après quelques polémiques et rumeurs judiciaires, comme le procès intenté par Rippling pour lever le voile sur des transferts douteux, la stratégie de développement à l’international reste prioritaire pour l’année à venir. Mais les incertitudes subsistent : Revolut pourra-t-elle enfin conquérir le marché américain, réputé difficile d’accès, grâce à ses innovations dans la crypto ? Est-ce là que se jouera la prochaine étape de son expansion, alors que déjà pointe la rumeur d’une levée de fonds sur la base d’une valorisation à 60 milliards de dollars ?
Si Revolut affirme n’avoir « aucun plan immédiat » concernant une introduction en bourse et souhaite se concentrer sur l’innovation et l’exécution de sa stratégie, faut-il y voir une volonté maintenue d’entretenir le suspense ? Ou bien la fintech anticipe-t-elle des risques dans une conjoncture économique mondiale incertaine ?
En définitive, la success-story de Revolut cache-t-elle de nouveaux bouleversements dans le monde bancaire, ou la startup est-elle à la veille d’affronter ses propres limites ?
Source : Techcrunch
