À quoi ressemblera notre futur en matière de shopping en ligne avec l’intelligence artificielle en pleine ascension ? Alors que la bataille fait rage entre géants du web pour réinventer la recherche de produits et concurrencer l’hégémonie de Google, OpenAI mise tout sur l’intelligence conversationnelle avec sa dernière mise à jour de ChatGPT. Mais cette nouvelle approche peut-elle vraiment bouleverser nos habitudes de consommation et surtout, à quel prix ?
Depuis quelques jours, ChatGPT propose un outil de recherche enrichi : lorsqu’un utilisateur cherche un produit, l’IA lui présente des recommandations, des images, des avis consommateurs et même des liens directs vers des sites marchands. Les promesses sont nombreuses : finies les longues heures passées à fouiller Google ou Amazon, il suffirait désormais de poser sa question en langage naturel (« Quel lave-linge silencieux recommandes-tu ? ») pour recevoir des résultats personnalisés et triés sur le volet. Faut-il s’enthousiasmer ou se méfier d’un tel assistant commercial ?
OpenAI n’avance pas masqué : la firme veut clairement prendre position sur un secteur jusque-là dominé par Google, dont les résultats commerciaux et publicitaires ont souvent été critiqués pour leur manque de pertinence face à la surenchère des liens sponsorisés. Mais ChatGPT peut-il offrir une expérience plus neutre et objective ? OpenAI assure que ses recommandations s’appuient sur des métadonnées issues de tiers : descriptifs, prix, avis clients, le tout sans aucune influence publicitaire et sans commission sur les achats réalisés. Est-ce suffisant pour garantir une vraie impartialité dans la recherche de produits ?
Entre innovation technologique et course à la personnalisation, le shopping par IA soulève autant d’espoirs que de questions éthiques.
Pour le moment, tous les utilisateurs (y compris sans compte) peuvent tester cette nouvelle fonctionnalité à travers le modèle GPT-4o, sur ordinateur comme sur mobile. Mais OpenAI compte aller plus loin. L’intégration prochaine de la fonction « mémoire » pour les utilisateurs Pro et Plus promet de s’appuyer sur l’historique des conversations afin de pousser la personnalisation à l’extrême. Un avantage indéniable pour l’expérience client ? Peut-être. Mais ce dispositif sera-t-il conforme aux exigences de confidentialité, surtout alors qu’il sera interdit dans l’UE, en Suisse et au Royaume-Uni pour des raisons légales ?
Dans cette course à la praticité, OpenAI introduit aussi une fonction de suggestions « tendances » façon Google, et déploie ChatGPT Shopping sur WhatsApp. L’enjeu devient limpide : transformer l’IA en véritable concierge numérique, capable d’assister l’internaute, peu importe la plateforme utilisée ou le moment. Est-ce la fin annoncée des heures passées à comparer les produits ? Ou au contraire, le début de nouvelles formes de dépendances ?
Pour autant, la firme maintient qu’aucune publicité ne vient interférer avec son système de recommandations. Pourtant, Sam Altman, le PDG d’OpenAI, n’exclut pas totalement la monétisation par l’affiliation « à condition que cela reste subtil et pertinent ». La frontière entre moteur d’aide à l’achat neutre et gigantesque machine à commissions sera-t-elle maintenue à long terme ?
À l’heure où plus d’un milliard de recherches se font chaque semaine sur ChatGPT, l’initiative d’OpenAI marque-t-elle une révolution de nos usages en ligne ? Ou ne fait-elle qu’accélérer la fusion dangereuse entre intelligence artificielle, vie privée et consommation ultra-personnalisée ? La technologie nous libère-t-elle ou substitue-t-elle à notre curiosité son propre choix algorithmique ?
Source : Techcrunch