« Sur Threads, ce n’est pas Always Friends, mais c’est toujours étrange. » Voilà un slogan qu’on pourrait coller à l’algorithme de recommandations du réseau social de Meta, qui, depuis ses débuts, s’amuse à nous proposer des contenus dignes d’un épisode de Black Mirror version sitcom. Mais depuis quelque temps, le spectacle a pris une tournure encore plus absurde. Il paraît qu’entre deux memes oubliés et trois threads sérieux sur Spotify, surgissent des apparitions mystiques d’inconnus cherchant… des amis ! Sauf qu’on ne sait pas trop si on doit les croire, ou juste leur offrir un bon spam filter en guise de main tendue.
Ces posts, à l’apparence anodine, racontent souvent la même histoire : selfie de quelqu’un qui déclare fièrement « j’ai 18 ans ! » (le genre de précision qui met tout de suite en confiance…), parfois accompagnée d’un lien WhatsApp aussi rassurant qu’une pub de crème miracle à 1h du matin. Le plus étrange : Threads s’est mis à placer ces posts en « threads liés » à des sujets populaires, un peu comme si on vous proposait la recette du gâteau au yaourt en bonus d’un documentaire sur les trous noirs… sens du lien discutable, vous en conviendrez.
Pour illustrer, imaginez que vous consultiez un post sérieux sur Spotify d’un influent utilisateur, Chris Messina. Vous cliquez pour voir plus, vous tombez sur un commentaire du big boss Adam Mosseri, logique… puis, bam, le « thread lié » d’une prétendue lycéenne de 18 ans surgit dans l’histoire. Plot twist ! D’autres exemples abondent, et certains profils posteraient la même photo et le même lien à la chaîne, parfois plus de 30 fois en 5 jours. L’application, visiblement, ne distingue plus la sociabilité authentique du spam bien rôdé.
La chasse à l’ami sur Threads finit surtout par la pêche au spam.
Avec ses 350 millions d’utilisateurs, Threads est devenu un festin pour les candidats au bourrage d’inbox. Déjà l’an passé, Adam Mosseri avouait une flambée d’attaques de spam depuis le lancement du service. Chez Meta, on assure travailler à la maîtrise de ces « engagement baits » (ces pièges à likes et à clics), mais visiblement, l’algorithme est encore plus sociable qu’il ne le devrait… à tel point qu’il ne fait plus la différence entre le vrai et le fake.
Plus fort encore : le phénomène n’est pas une exclusivité de Threads. D’autres utilisateurs témoignent de situations similaires sur Instagram. Une publication repérée sur Reddit montrait, elle aussi, une certaine « demandeuse de copain », reprenant en boucle la même photo et la même phrase : « Je cherche un copain, peut importe l’âge. » L’algorithme aurait-il un crush pour les spammers ? Tout porte à croire qu’il se laisse parfois piéger par des campagnes concertées, certains utilisateurs voyant jusqu’à 4 posts identiques avant d’apercevoir quelque chose de « normal ».
Threads, naturellement, n’a pas souhaité commenter précisément cette bizarrerie algorithmique, se contentant de rappeler, sans rire, que le spam n’est pas censé figurer dans les recommandations officielles. Pourtant, le constat est là : la frontière entre contenu pertinent et bourrage de boîtes de réception devient de plus en plus floue — et pas certain que l’effet soit très « friendly » pour les utilisateurs.
Finalement, il semblerait que l’algorithme de Threads ait un sens de l’amitié un peu trop… automatique. Mais, qui sait, dans sa quête effrénée de créer des liens, il finira peut-être par se faire, à son tour, un ami : le bouton « Signaler » !
Source : Engadget