« Ce n’est pas la taille qui compte, c’est la gravité de la situation. » Voilà qui résume bien le dilemme de Lucid avec son nouveau mastodonte électrique : le Gravity. Alors que tout le monde semble fuir les berlines comme les moustiques un soir d’été, difficile de s’y retrouver entre SUV, crossover, et… minivan qui ne veut pas dire son nom. Mais ne vous avisez pas d’appeler le Lucid Gravity une « camionnette » sous peine de déclencher chez les ingénieurs un gros bug (et peut-être un airbag !).
Parce que malgré un look qui rappelle légèrement la Chrysler Pacifica, et des dimensions dignes d’un monstre final de Mario Kart (198 pouces de long…), le Gravity veut tout sauf hériter de la réputation ringarde du minivan. Ici, pas de portes coulissantes… et beaucoup de prestations qui laissent les autres minivans sur place, au sens propre comme au figuré. 828 chevaux dans la version Grand Touring, 0 à 100 km/h en moins de 3,5 secondes : oui, vous avez bien lu, ce monstre électrique ridiculise même bien des coupés sur circuit.
Ce n’est pas tout : la recharge aussi est supersonique. Avec 926 volts sous le capot, le Gravity engloutit 400 kW comme un étudiant engloutit un kebab après les partiels. Résultat : 320 km d’autonomie récupérés en 11 minutes. Pour une fois qu’un surnom « voiture familiale » rime avec long road-trip sans stress, il fallait bien que la technologie vienne bousculer les clichés !
Lucid Gravity, c’est la voiture qui prouve qu’on peut avoir la puissance, le confort et la place pour belle-maman… sans renoncer à son âme de gosse de circuit.
Et si vous jugez une voiture au nombre de portes-gobelets, là aussi, Gravity met tout le monde d’accord. Chauffage jusqu’à la deuxième rangée, toit panoramique qui transforme chaque embouteillage en picnic sous les étoiles, et même un écran pour permettre à la deuxième rangée d’élire le DJ familial ou de régler la clim. À l’arrière ? Un espace où même les grandes jambes ne râleront pas – ou alors vous pouvez tout rabattre et installer un salon dans la soute avec 1 590 litres de volume, de quoi déménager sans louer d’utilitaire. Franchement, ils ont pensé à tout, même à transformer le « frunk » (le coffre avant) en love seat pour deux : parfait… si vous trouvez le dernier drive-in ouvert !
À l’intérieur, on se croirait dans un épisode de Black Mirror : 34 pouces d’écran OLED d’un seul tenant qui vous fait oublier tous les montants du pare-brise, petit volant en « squircle » (mélange de “square” et “circle”, il faut croire que même le volant refuse les cases). Malgré ses dimensions XXL sur la carte grise, le Gravity s’offre le luxe de se conduire comme une compacte, surtout avec la direction arrière optionnelle bluffante en ville. Miracle de l’ingénierie ou magie noire ?
Prendre un virage serré à New York devient carrément fun, et la suspension pilotée trois chambres (pour les amoureux de technologies transcendantes) vous fait flotter sur la route, même avec les 3 tonnes de l’engin. Qui a dit qu’on ne pouvait pas avoir la gravité tout en volant sur l’asphalte ? Seul bémol, il faudra un bon héritage pour monter à bord : 95 000 dollars l’entrée de gamme, ça calme (et la version « abordable » n’arrivera pas avant 80 000 $… gloups).
On regrette aussi le « dress code » de la carrosserie, plus proche des couleurs de costume de banquier que du t-shirt flashy, et les assistants de conduite mains libres pas encore dispo à la sortie (promis, une mise à jour OTA viendra… un jour). Mais au fond, le Lucid Gravity coche déjà toutes les cases pour faire tourner la tête des familles branchées techno et des fans de sensations fortes.
Au final, Gravity, c’est la voiture qui voudrait faire croire qu’on choisit la raison, alors qu’on cède totalement à la tentation. Un énième paradoxe automobile : capable d’attirer les foules en SUV, tout en flirtant avec l’esprit rebelle de la supercar. Et si le prix vous fait tourner la tête ? Respirez un bon coup et gardez les pieds sur terre : avec Gravity, ce sera difficile !
Source : Engadget