Face à la croissance explosive de l’intelligence artificielle, une question cruciale s’impose : comment les mégacentres de données prévoient-ils d’assurer leur approvisionnement énergétique quand les réseaux électriques traditionnels n’arrivent plus à suivre le rythme ?
Les opérateurs de data centers, tout comme les hyperscalers, se retrouvent dans une impasse : l’envie d’augmenter leur puissance de calcul est omniprésente, mais l’accès à l’électricité se transforme en parcours du combattant. Pourquoi les délais pour raccorder un nouveau site au réseau sont-ils aussi longs ? À entendre Amit Narayan, fondateur et PDG de Gridcare, la situation est si tendue que certains envisagent même de construire leurs propres centrales privées – une solution radicale, mais surtout très coûteuse. Jusqu’où ira cette course à la capacité ?
Face à la pénurie annoncée de mégawatts disponibles, une autre question émerge : le réseau électrique est-il vraiment saturé, ou existe-t-il des marges de manœuvre insoupçonnées ? D’après Narayan, qui scrute le moindre recoin du réseau depuis une quinzaine d’années, il y aurait des réserves méconnues, encore jamais exploitées par les acteurs traditionnels. Pourquoi ces potentiels restent-ils aussi invisibles pour les fournisseurs d’électricité ?
Alors que tous parlent de pénurie énergétique, Gridcare promet de réécrire les règles du jeu grâce à l’intelligence artificielle.
Pour tenter de résoudre ce casse-tête, Gridcare cartographie les infrastructures existantes et imagine, par le biais de l’IA générative, les scénarios les plus pertinents pour optimiser l’utilisation des réseaux électriques. Ce travail de fourmi tient-il vraiment compte de tous les paramètres : fibres optiques, gaz, eau, catastrophes naturelles, réglementation, voire résistance des communautés locales ?
Le processus, particulièrement complexe – « plus de 200 000 scénarios à étudier pour chaque cas », souligne Narayan – s’appuie aussi sur un contrôle accru de la conformité réglementaire. Mais au-delà du calcul, le vrai défi consiste à convaincre les compagnies d’électricité et les développeurs de data centers d’adopter ce « nouvel art du compromis énergétique ». Les intérêts peuvent-ils vraiment se croiser facilement ou risquent-ils d’entrer en collision ?
Gridcare, qui vient de lever 13,5 millions de dollars auprès de Xora et d’autres acteurs du capital-risque, se rémunère sur la base des capacités additionnelles dénichées pour ses clients. Pour les data centers en mal de kilowatts, ce coût reste modeste face aux désavantages d’un retard de connexion ou de la construction d’infrastructures ad hoc. Est-ce finalement le début d’un marché où l’accès à l’énergie s’enchérira aux plus offrants ?
Si Narayan se montre confiant, affirmant qu’il n’est pas nécessaire d’attendre une percée en fusion nucléaire pour libérer des centaines de mégawatts, rien n’indique encore que cette méthode puisse suffire à répondre à la frénésie croissante d’électricité dans le secteur technologique. Les data centers accepteront-ils de renoncer, par moments, à l’alimentation du réseau pour activer leurs groupes électrogènes ou de s’associer à de nouveaux projets de stockage d’énergie ?
La promesse de Gridcare pourrait-elle transformer la crise énergétique des data centers en simple bug passager ou s’agit-il d’une solution vouée à ne résoudre qu’une partie du problème ?
Source : Techcrunch