L’intelligence artificielle et l’industrie musicale peuvent-elles enfin trouver un terrain d’entente ? Alors que l’essor fulgurant de l’IA générative inquiète autant qu’il fascine, un rapport récent (Bloomberg) révèle que les trois géants de la musique – Universal, Warner et Sony – discutent aujourd’hui avec les startups Udio et Suno pour encadrer l’utilisation de leurs catalogues dans la création musicale automatisée. Mais qu’est-ce qui peut bien encourager ces mastodontes à s’ouvrir à cette technologie, après des mois marqués par des procès véhéments pour atteinte aux droits d’auteur ?
Depuis l’arrivée de plateformes comme Udio et Suno, composant quasi instantanément des chansons sur commande grâce à quelques instructions texte, les frontières entre inspiration humaine et génération automatisée semblent voler en éclats. Qui sera l’auteur ? L’artiste qui inspire, l’ingénieur qui programme ou l’algorithme qui combine ? Ces questions brûlantes n’ont jusqu’ici trouvé aucune réponse précise chez les tribunaux, au point que les maisons de disques ont préféré porter directement l’affaire devant les juges.
Mais les procès dureront-ils suffisamment longtemps pour ralentir cette révolution ? Aujourd’hui, les majors changent de stratégie : elles ne réclament plus seulement des compensations, mais aussi une participation directe dans le capital de ces nouvelles entreprises technologiques. Le format ? Un échange d’équité contre la promesse d’un accès à leur immense bibliothèque, encadrée par des licences bien précises. Cela permettra-t-il d’assurer enfin une rémunération des artistes à l’ère de l’IA ?
Un accord des majors avec l’IA signifierait-il la fin de la guérilla judiciaire entre créateurs et machines ?
Selon les informations recueillies, ces négociations ne visent pas seulement à éteindre les feux judiciaires. Les acteurs cherchent surtout à poser les fondations d’un nouveau modèle, où les géants de la musique regagneraient une forme de contrôle sur l’usage de leurs œuvres. Pour les startups, l’enjeu est tout autre : conserver la souplesse leur permettant d’expérimenter rapidement, sans frein supplémentaire pour leur algorithme.
Assistons-nous à la naissance d’une nouvelle alliance où l’équilibre entre rémunération et innovation serait enfin possible ? Ou s’agit-il simplement d’une tentative des labels de garder la mainmise sur une industrie de plus en plus bousculée par des technologies imprévisibles ? Les discussions sont loin d’être terminées et chacune des deux parties semble bien décidée à ne rien lâcher sur ses intérêts fondamentaux.
Entre volonté de contrôle des majors et désir de liberté des startups d’IA, la négociation va-t-elle réellement déboucher sur un nouveau modèle d’exploitation plus équitable ? Ou bien le marché va-t-il être redéfini au profit de ceux qui dompteront le mieux ce nouvel outil technologique ?
Dans un secteur où chaque innovation redistribue les cartes, une question demeure : la musique de demain sera-t-elle encore l’affaire des créateurs ou des ingénieurs ?
Source : Techcrunch