« La seule chose qui croit quand on la partage, c’est une base de données. » Voilà un proverbe que Snowflake, champion du cloud, a pris au pied de la lettre en sortant récemment le chéquier pour s’offrir Crunchy Data, le spécialiste du PostgreSQL – ce célèbre SGBD open source adoré des développeurs. Quand la donnée croît, il faut savoir la cruncher !
Alors, qu’est-ce qui se cache derrière cet appétit soudain pour les entreprises de gestion de données ? Entre les lignes de ce rachat – estimé à 250 millions de dollars, par une source ayant sûrement accès à plus de colonnes SQL que la moyenne – il y a une course effrénée. Les géants de la tech veulent tous gonfler leurs services avec des bases de données robustes à l’ère de l’IA et des « AI agents ». Comme si chaque licorne avait besoin de sa dose quotidienne de data crunchée !
Snowflake n’est pas seul à faire chauffer la carte bancaire : Salesforce vient de s’offrir Informatica pour 8 milliards de dollars, pendant qu’Alation attrapait Numbers Station au vol – tout cela, pour une chose : alimenter et contrôler la donnée qui fait tourner l’intelligence artificielle d’aujourd’hui, qui est décidément plus gourmande que jamais. Chez ServiceNow, on collectionne même Data.World comme d’autres collectionnent les badges Pokémon. Attrapez-les toutes, mais version base de données !
Les rachats vont bon train, mais sous le vernis des records, c’est bien l’intelligence (artificielle) qui tire les ficelles !
Crunchy Data, entreprise ado de 13 ans, s’est fait connaître (et aimer) pour permettre à des groupes comme UPS, SAS ou Moneytree – et même la Homeland Security américaine – de bâtir sur du Postgres solide et bien outillé. Avec son savoir-faire open source, c’est tout logiquement qu’elle s’invite dans le nuage Snowflake pour rendre l’accès à PostgreSQL bien plus simple et sexy pour les clients et partenaires (coucou Blue Yonder et LandingAI).
L’idée derrière ce rapprochement n’a rien d’une passade : Snowflake veut propulser un « Snowflake Postgres », une base PostgreSQL calibrée pour les exigences des pros, tout en élargissant son éventail de solutions à l’âge d’or des agents IA. Et ça, ce sera pour bientôt (en version preview privée… patience !).
En toile de fond, la promesse nous vient tout droit de Vivek Raghunathan, l’ingénieur en chef de Snowflake : « Nous voulons livrer la plateforme data & AI la plus fiable et complète du marché. » Un marché où chaque gigabyte compte, paraît-il, puisque l’opportunité lorgnée se chiffre à 350 milliards de dollars. Malheureusement, il faudra encore patienter pour découvrir les dessous des contrats signés… et les éventuelles clauses en petits caractères.
Snowflake n’est pas novice dans le domaine : l’an dernier, ils ont avalé Datavolo. Et côté technique, de nouveaux connecteurs pour PostgreSQL et MySQL sont arrivés en 2024 – manifestement, la stratégie est d’englober tout ce qui ressemble de près ou de loin à une source de données. Dans ce business, on ne laisse aucune table sans relation !
Une chose est sûre : chez Snowflake, on ne craint pas la concurrence, tant qu’elle ne fait pas… fondre leur avance !
Source : Techcrunch