Face à la guerre technologique qui oppose la Chine et le reste du monde, une question s’impose : la stratégie de Taiwan pour limiter les exportations de technologies va-t-elle bouleverser l’industrie mondiale des semi-conducteurs ? Quelles conséquences pour des acteurs comme Huawei ou SMIC, déjà régulièrement sous pression à l’international ?
Selon un rapport de Bloomberg, la Taiwan International Trade Administration a récemment pris la décision de placer les entreprises chinoises Huawei et SMIC – ainsi que leurs filiales – sur une liste noire des entités considérées comme des « produits stratégiques de haute technologie ». Que signifie concrètement ce geste ? Toutes les entreprises taïwanaises qui voudront vendre produits ou savoir-faire à Huawei et SMIC devront désormais passer par un processus d’approbation gouvernementale. Peut-on imaginer que cela va ralentir, voire bloquer, certains transferts technologiques essentiels à la compétitivité chinoise ?
Comment les deux géants chinois vont-ils contourner ces nouvelles restrictions, alors qu’ils risquent de perdre l’accès crucial aux technologies de construction d’usines, aux matériaux innovants et à des équipements indispensables pour développer les nouvelles générations de puces IA ? Est-ce là le coup le plus dur jamais porté aux ambitions chinoises dans le secteur stratégique des semi-conducteurs, ou cette annonce n’est-elle qu’une escarmouche dans une guerre d’usure encore loin d’être terminée ?
À ce stade, la riposte de Taiwan vise à sécuriser ses intérêts stratégiques tout en freinant l’expansion de la Chine dans le secteur de l’IA.
Selon les autorités commerciales taïwanaises, il s’agit d’une réponse à l’escalade des risques internationaux, notamment autour de la prolifération des armements. Y a-t-il un schéma plus large derrière cette stratégie qui irait au-delà de la simple rivalité commerciale ? Est-ce le signe d’une montée généralisée des tensions géopolitiques où la technologie devient la première ligne du front ?
On peut aussi se demander jusqu’où ira cette politique de restrictions. D’après les chiffres avancés, pas moins de 601 entités de pays tels que la Russie, le Pakistan, l’Iran, le Myanmar et surtout la Chine rejoignent cette fameuse liste. Sont-elles toutes aussi exposées que Huawei ? Ou bien certains groupes parviendront-ils à passer entre les mailles du filet grâce à des sous-traitants ou des canaux alternatifs ?
Cette nouvelle initiative illustre-t-elle la capacité de Taiwan à s’affirmer comme régulateur critique du monde des composants électroniques, ou au contraire risque-t-elle d’attiser la convoitise de ses voisins et d’en faire une cible encore plus stratégique ?
Dans ce contexte tendu, la question de la dépendance globale vis-à-vis des composants taïwanais revient sur le devant de la scène : l’industrie mondiale est-elle prête à affronter une rupture d’approvisionnement orchestrée par une guerre froide technologique ?
Source : Techcrunch