Comment une startup indienne est-elle en train de révolutionner l’expérience bancaire pour des millions de non-résidents tout autour du globe ? Face à des transferts d’argent qui explosent, le secteur financier va-t-il enfin répondre aux besoins spécifiques de la diaspora indienne ?
Depuis plus de dix ans, l’Inde occupe la première place mondiale dans la réception de fonds envoyés par ses expatriés, atteignant en 2023-2024 le montant impressionnant de 118,7 milliards de dollars. Mais derrière ces chiffres se cache une question cruciale : pour les non-résidents indiens (NRI), les banques traditionnelles offrent-elles des solutions assez adaptées ? Que peuvent apporter les nouvelles plateformes entièrement numériques dans ce secteur ?
Dans ce contexte, une société baptisée Aspora, qui se concentre sur un service verticalisé dédié à la diaspora indienne, attire tous les regards. Son ambition affichée ? Offrir bien plus que de simples transferts : investir, assurer, ou encore proposer des services parentaux à distance – mais pour l’instant, les envois de fonds restent son cœur battant. Si de nombreux produits bancaires existent en Inde, pourquoi sont-ils si peu connus ou utilisés par les expatriés ? C’est tout simplement parce que le parcours digital pour y accéder n’existe pas encore, affirme le fondateur d’Aspora.
Aspora veut dépasser la simple question des transferts pour transformer l’ensemble de la relation bancaire des Indiens vivant à l’étranger.
La progression d’Aspora est fulgurante : en un an, elle multiplie par six les volumes de ses transferts, passant de 400 millions à deux milliards de dollars en transactions annuelles. Logiquement, les investisseurs affluent. En moins d’un an, la startup boucle deux levées majeures de fonds, dont une à hauteur de 50 millions de dollars, valorisant la société à 500 millions – preuve que la bataille pour conquérir le marché des services financiers destinés à la diaspora indienne est lancée. Mais cette stratégie d’expansion internationale, de Londres à Dubaï en passant par l’Europe, le Canada, ou bientôt les États-Unis, est-elle tenable ?
Car Aspora ne s’arrête pas aux remises d’argent. Dès cette année, la société va permettre à ses clients d’investir dans des fonds communs indiens, de payer leurs factures locales à distance ou encore d’ouvrir un compte bancaire complet en Inde, une démarche habituellement fastidieuse et chronophage. S’agit-il de la fin du casse-tête administratif pour des millions de NRI lassés d’utiliser les comptes bancaires de membres de leur famille restés au pays ? L’offre d’Aspora va même jusqu’à des services de santé dédiés aux parents vivant en Inde.
Naturellement, la jeune entreprise fait face à une concurrence acérée, qu’il s’agisse de mastodontes mondiaux comme Wise ou Remittly, ou de rivaux indiens tels qu’Abound. Mais selon Luciana Lixandru, investisseuse clé du fonds Sequoia, c’est la rapidité d’exécution et l’approche hyper-ciblée d’Aspora qui pourraient faire la différence : construction marché par marché, corridor par corridor. Aspora ira-t-elle assez vite pour distancer ses concurrents dans la conquête du portefeuille de la diaspora ?
Alors qu’Aspora affiche 80 % de ses transferts à destination des propres comptes personnels de ses utilisateurs en Inde – signe de stratégies de création de patrimoine plus que de simple soutien familial – la startup pourrait-elle façonner une nouvelle génération de produits bancaires, fusionnant mobilité internationale et attache au pays natal ? La promesse est grande, mais les défis réglementaires et la digitalisation ne risquent-ils pas de freiner cette course fulgurante ?
Avec cette digitalisation accélérée et l’appétit vorace des investisseurs, la relation bancaire entre les expatriés indiens et leur pays d’origine est-elle sur le point de basculer définitivement dans une nouvelle ère ?
Source : Techcrunch
