Peut-on réellement confier nos enfants à l’intelligence artificielle ? Voilà une question qui n’aurait sans doute jamais effleuré l’esprit de nos ancêtres, mais qui s’impose aujourd’hui alors que Sam Altman, PDG d’OpenAI et jeune père, explique utiliser ChatGPT pour répondre à ses angoisses de papa. Doit-on s’en inquiéter ? À quoi ressemble la parentalité lorsqu’un chatbot façonne notre expérience au quotidien ?
Dans le premier épisode du podcast d’OpenAI, Altman avoue s’être tourné « constamment » vers ChatGPT au moindre doute sur les pleurs de son fils ou sur une étape du développement de bébé. Il reconnaît, non sans humour, qu’élever un enfant sans l’aide de l’IA lui paraît difficile : « Je ne sais pas comment j’aurais fait sans ChatGPT », confie-t-il. La scène est-elle vraiment nouvelle ou ne fait-elle que moderniser le vieux réflexe de fouiller Google à minuit quand la panique monte ?
Pourtant, sommes-nous conscients des dangers qui se cachent derrière ces outils ? Les fameuses « hallucinations » de l’IA — ces réponses erronées ou farfelues — sont encore monnaie courante, et il faut oser se demander sur quoi nous reposons exactement notre confiance de parent. Est-il plus risqué de suivre les conseils de ChatGPT que ceux d’un forum de parents ou d’un « gourou » anonyme sur Facebook ? Peut-on vraiment parler d’un progrès, ou assistons-nous simplement à une transformation de nos sources d’angoisse ?
L’arrivée de l’IA dans la chambre des enfants pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses simples.
Mais la question ne s’arrête pas aux parents : faut-il laisser l’IA interagir directement avec nos enfants ? Altman évoque l’image d’un bambin tapotant un magazine, croyant manipuler une tablette, pour illustrer un futur où l’IA sera omniprésente dans la vie des plus jeunes. Faut-il se préparer à une génération pour qui parler à un assistant virtuel sera aussi naturel que de discuter avec un copain d’école ? L’anecdote d’un père laissant ChatGPT débattre d’une heure sur Thomas le train avec son fils laisse songeur : où commence la substitution, où s’arrête le divertissement ?
Les plus sceptiques rappellent que, contrairement à l’industrie des contenus jeunesse, le chatbot d’OpenAI ne s’adresse pas officiellement aux moins de 13 ans et ne propose aucun contrôle parental robuste. Altman lui-même reconnaît les risques de la démarche : créer des relations parasociales « problématiques, voire très problématiques » avec ces nouveaux compagnons numériques.
Et l’impact sur le développement de l’enfant, que savons-nous à ce jour ? La société, selon Altman, saura poser les bonnes limites au fil des dérives : « Il y aura des problèmes. Mais il y aura aussi des bénéfices considérables. » Devons-nous pour autant miser sur l’optimisme naturel de l’industrie, au risque d’essuyer les plâtres sur la tête de nos enfants ?
La place croissante de l’IA dans la parentalité – de la gestion du stress aux conversations avec les enfants – incite à la prudence. Sommes-nous prêts à laisser la technologie dicter notre manière d’élever la prochaine génération, ou finirons-nous par regretter d’avoir troqué l’instinct parental contre la logique d’un algorithme ?
Source : Techcrunch