Le Texas, nouveau terrain d’expérimentation ou future zone rouge pour la voiture autonome? Dès le 1er septembre, la circulation des véhicules entièrement autonomes sera soumise à l’obtention d’un permis délivré par le département des véhicules à moteur de l’État. Mais pourquoi ce durcissement réglementaire, alors même que les technologies auto-conduites sont en plein essor?
La décision du gouverneur Greg Abbott, qui a promulgué la loi SB 2807, intervient juste après la présentation fracassante du service robotaxi de Tesla à Austin. Ce hasard de calendrier est-il vraiment fortuit ou l’État cherche-t-il à cadrer l’arrivée tonitruante d’Elon Musk dans la mobilité autonome urbaine? Pour l’instant, Tesla semble avoir anticipé la manœuvre: ses premiers passagers profitent d’une Model Y autonome… mais sous haute surveillance humaine, avec un “safety monitor” planqué à l’avant. De quoi contourner le texte – du moins jusqu’à septembre.
Mais la faille pourra-t-elle durer? L’essai grandeur nature de Tesla promet de faire bouger les lignes, d’autant que l’entreprise n’est pas seule sur le créneau à Austin: Waymo, le géant filiale d’Alphabet, arpente déjà les rues de la capitale texane avec son propre service de VTC sans conducteur.
La ruée vers les robotaxis au Texas sera-t-elle freinée par la nouvelle loi ou stimulera-t-elle au contraire des innovations de contournement?
Au-delà du permis obligatoire, le texte adopté va plus loin qu’une simple formalité administrative. Il donne aussi le pouvoir aux autorités de retirer ce fameux sésame, et impose aux entreprises de livrer aux forces de l’ordre des solutions précises pour intervenir en cas d’urgence impliquant un véhicule autonome. Cet encadrement inédit résonne-t-il comme une précaution salutaire ou comme un boulet pour l’innovation made in Texas?
Le coup pourrait en effet être rude, si l’on en juge par les investissements massifs consentis depuis plusieurs années par les champions de la conduite autonome. Tesla, qui rêve de conquérir la mobilité urbaine, se retrouve face à une série de barrières réglementaires imprévues. Waymo, déjà bien installé, devra lui aussi prouver sa capacité à collaborer avec les autorités locales. Cette complexification règlementaire va-t-elle freiner, voire délocaliser, le développement de ces services dans d’autres États plus permissifs?
Dans cet environnement mouvant, une question persiste: le Texas sera-t-il le cimetière ou l’épicentre des innovations dans la robotique automobile autonome?
Source : Engadget
