Combien de temps faudra-t-il encore attendre avant de voir la promesse de la voiture autonome tenue par Tesla ? Près de dix ans après les grands discours d’Elon Musk, l’entreprise lance discrètement ses premiers trajets sans conducteur à Austin. Mais est-ce véritablement la révolution attendue, ou bien un nouveau chapitre dans une saga où annonces fracassantes et retards se succèdent ?
Le déploiement de ces Model Y, censées rouler seules grâce à une IA dopée aux caméras, marque un jalon risqué dans la quête de l’autonomie automobile. Contrairement à Waymo ou Cruise, qui s’appuient sur des radars, Tesla mise tout sur la vision et l’intelligence artificielle de bout en bout. Ce choix mérite-t-il une confiance aveugle ? Sur quels fondements se repose cette foi dans le « tout caméra » ?
Sur les réseaux sociaux, des utilisateurs triés sur le volet partagent depuis dimanche leurs premiers trajets à 4,20 dollars – un clin d’œil « hasard » au folklore d’Elon Musk. Pourtant, impossible de savoir combien de chanceux ont reçu l’invitation, ni à quel point l’expérience s’avère représentative. Faut-il s’inquiéter de voir que la plupart des témoignages proviennent de supporters très actifs – voire militants – de la marque sur X (ex-Twitter) ? Où sont les regards extérieurs et indépendants ?
L’arrivée de la robotaxi Tesla s’accompagne plus de mystère et d’opacité que de véritable transparence publique.
À y regarder de plus près, l’expérimentation ressemble à une bêta plus qu’à un lancement commercial d’envergure : une dizaine de véhicules, une zone réduite dans le sud d’Austin, et, surtout, un « safety monitor » humain en place… mais en passager. Quel est le véritable rôle de ce surveillant ? Dispose-t-il d’un bouton d’arrêt d’urgence ou n’est-il là que pour rassurer les usagers et protéger l’image du projet ? Cette présence traduit-elle un manque de confiance dans la technologie ?
Toutes ces questions restent largement sans réponse. Tesla communique au compte-gouttes, bride les demandes d’accès aux documents auprès des autorités texanes, et ne livre aucune donnée concrète sur les incidents ou le fonctionnement précis de sa flotte. Pourquoi ce choix du secret alors que des acteurs comme Waymo publient des rapports détaillés, et que la sécurité du public est en jeu ? Quelles sont les conséquences à long terme de ce manque d’ouverture pour la confiance dans la voiture autonome ?
Les premiers retours font état de trajets parfois fluides, parfois plus hésitants : freinages brusques à l’approche de véhicules de police, intervention de l’équipe d’assistance à distance… Que se passerait-il en cas de vraie urgence ou de conditions météo extrêmes ? Les passagers sont-ils de simples cobayes d’une technologie pas encore mature, ou bénéficient-ils d’une innovation sécurisée ?
Au final, ce lancement « robotaxi » de Tesla n’offre-t-il pas plus de zones d’ombre que de réponses sur l’avenir des transports autonomes et la capacité réelle de Musk à tenir ses promesses ?
Source : Techcrunch