Jusqu’où Meta est-il prêt à aller pour s’assurer les meilleurs cerveaux de l’intelligence artificielle ? Le géant des réseaux sociaux, pour renforcer son équipe dédiée à la « Superintelligence », multiplie-t-il vraiment les méga-offres de 100 millions de dollars pour débaucher les chercheurs d’OpenAI ? Ou s’agit-il surtout de rumeurs exagérées attisant la surenchère dans la course mondiale aux talents en IA ?
Lors d’une réunion interne révélée par The Verge, la direction de Meta a clairement laissé entendre que ces sommes faramineuses, évoquées par Sam Altman (le patron d’OpenAI), ne concernent pas la majorité des chercheurs. Bosworth, le CTO de Meta, admet que certains leaders très seniors pourraient prétendre à des packages proches de 100 millions, mais il précise aussi : il ne s’agit pas d’un bonus de bienvenue immédiat, mais d’un cocktail complexe de rémunération, généralement basé sur des actions soumises à conditions et sur la performance à moyen terme. Faut-il alors croire que les plus gros chiffres relayés masquent une réalité où seuls les premiers rôles décrochent le jackpot ?
Quand on examine les déclarations officielles, la confusion demeure. L’exemple de Lucas Beyer, récemment parti d’OpenAI pour Meta, est parlant : sur X, il a confirmé son recrutement, mais dément formellement toute prime de 100 millions. D’où vient alors « la légende » de la pluie de dollars sur ces transfuges de l’IA ? Quels objectifs Meta vise-t-il avec ces recrutements stratégiques ? Doit-on y voir une simple relocalisation de talents, ou la préparation d’un bouleversement dans les usages de l’IA, axés chez Meta sur le divertissement plutôt que sur la productivité ?
Si Meta ne distribue pas de bonus mirobolants à tous les chercheurs, la firme investit néanmoins massivement pour attirer les experts en IA les plus prisés.
Afin d’attirer des profils aussi recherchés que Trapit Bansal, expert en modèles d’IA logiques, Meta ne regarde pas à la dépense. Faut-il alors craindre une nouvelle fuite des cerveaux, cette fois canalisée vers la Silicon Valley et ses géants ? Dans ce contexte d’appétit vorace, certains comme Alexandr Wang (PDG de Scale) se retrouvent eux aussi millionnaires grâce à d’autres opérations colossales : le rachat de 49% de Scale par Meta à hauteur de 14 milliards de dollars, redistribués sous forme de dividendes. Simple effet d’accumulation ou stratégie de consolidation dans un marché concurrentiel ?
Pourtant, si l’on croit les confidences recueillies par TechCrunch, refuser 18 millions chez Meta n’a rien d’exceptionnel désormais— un chercheur préférant parfois une offre moins spectaculaire, mais plus innovante, telle celle de la start-up IA Thinking Machines Lab. Cette nouvelle donne redéfinit-elle le véritable enjeu : la créativité et l’indépendance plutôt que le montant du chèque ?
Le règne de Meta sur le marché du recrutement IA se confirme, même si la firme ne distribue pas cent millions à tour de bras. Mais jusqu’où cet emballement financier modifiera-t-il la cartographie mondiale de l’innovation en intelligence artificielle ?
Source : Techcrunch