Les maisons d’édition sont-elles sur le point de trahir les auteurs au profit de l’intelligence artificielle ? Cette question brûlante secoue actuellement le monde littéraire, alors que des écrivains de renom, tels que Lauren Groff, Lev Grossman ou R.F. Kuang, lancent un cri d’alarme contre la montée de l’IA dans l’édition. Mais que se passe-t-il vraiment derrière les portes feutrées des éditeurs ? L’industrie du livre est-elle en train de devenir un champ de bataille entre humains et machines ?
Dans une lettre ouverte adressée aux éditeurs, ces auteurs dénoncent ce qu’ils considèrent comme un « vol » de leur travail par les entreprises d’IA. Selon eux, « plutôt que de rémunérer les écrivains pour leur labeur, ces sociétés engrangent des profits grâce à une technologie bâtie sur du travail non payé ». Est-il juste que des machines, nourries des mots d’autrui, engrangent de nouveaux revenus ? Et surtout, peut-on défendre une industrie créative sans ses créateurs ?
La lettre ne se contente pas de pointer du doigt : elle exige des engagements concrets. Les signataires demandent que les éditeurs « s’engagent à ne jamais publier de livres créés par des machines » et qu’ils refusent de remplacer les humains – narrateurs, éditeurs, correcteurs – par des outils d’IA ou de les reléguer à de simples surveillants de robots. Jusqu’où les éditeurs sont-ils prêts à aller pour satisfaire l’innovation technologique ? L’IA menace-t-elle de reléguer chaque acteur du livre à une fonction d’appoint ?
L’idée même de la création littéraire risque-t-elle de disparaître, noyée dans un océan d’algorithmes ?
Ce mouvement semble faire des vagues : en seulement 24 heures après la diffusion de la lettre, plus de 1 100 écrivains supplémentaires y ont apposé leur nom. Pourquoi un tel raz-de-marée de soutien ? La peur de voir la voix humaine évincée par celle d’une machine est-elle devenue si universelle dans le milieu de l’édition ?
Cependant, cette lutte ne se limite pas à la sphère publique. Plusieurs auteurs poursuivent aujourd’hui les géants technologiques en justice, accusant ces derniers d’avoir utilisé leurs livres pour entraîner des modèles d’IA sans aucun accord préalable. Mais la justice américaine, cette semaine, a tempéré leurs espoirs, infligeant d’importants revers à deux plaintes emblématiques. Ces refus de la part des juges marquent-ils le début de l’ère de l’invulnérabilité juridique de l’IA, ou cachent-ils bien autre chose ?
Alors que la frontière entre créativité humaine et outils automatisés devient de plus en plus floue, une question demeure : l’industrie du livre saura-t-elle préserver sa raison d’être, à savoir donner la parole à des humains, ou s’apprête-t-elle à devenir un simple amplificateur de machines ?
Source : Techcrunch