« L’IA va avaler vos feuilles Excel plus vite que votre collègue n’engloutit son muffin au stand café. » Voilà comment je résumerais la nouvelle aventure financière signée Campfire, une startup californienne qui, justement, veut qu’on en finisse avec la compta poussiéreuse des années Netsuite et autres reliques du passé. Leurs armes ? Beaucoup d’intelligence artificielle et une équipe soudée… de 12 fiers moussaillons !
Campfire a flambé la scène tech avec sa levée de fonds de 35 millions de dollars, dirigée par Accel, Foundation Capital et les sumos de Y Combinator. L’histoire aurait pu s’arrêter là… mais non ! Car à peine neuf mois après avoir allumé son premier feu, Campfire a déjà convaincu des boîtes de plus de cent salariés de « jeter NetSuite au bûcher » pour leur solution maison. Parmi les grands convertis : Advisor360, Rhumbix ou Fooji, tous heureux d’arrêter de pleurer sur leurs tableaux Excel de fin de mois.
Il faut bien dire que le capitaine John Glasgow n’en est pas à sa première traversée. Entre son passé chez Fidelity, Adobe et Invoice2go (vendue à prix d’or à Bill.com pour 625 millions de dollars), le gars a plus de « miroirs à souvenirs » que l’étagère d’un bouquiniste. Même à Y Combinator, c’était le dino parmi les jeunes loups : « Lors du bingo, j’étais la star recherchée… parce que j’étais le seul parent ! »
Une startup de 12 personnes peut-elle vraiment brûler la politesse à un géant du logiciel ? Chez Campfire, le feu couve sous la glace.
Derrière les blagues de baby-foot et les souvenirs de M&A, Glasgow avait surtout trouvé sa mission : simplifier (en mieux, et plus vite) la routine comptable. Grâce à l’intelligence artificielle, Campfire réconcilie vos factures AWS comme un chef, analyse vos cash flows et répond à vos questions en langage naturel (plus besoin de supplier votre DAF pour traduire du ERPien en français courant !). En bonus ? Le passage de la clôture mensuelle de 15 à 3 jours chez certains clients. Oui, il y a des miracles dans la tech.
Mais soyons honnêtes une minute : face au mastodonte Oracle et son modèle NetSuite qui pèsent depuis les années 90, Campfire a plutôt les airs d’un moustique dans une salle serveur. Sauf que… le moustique commence à piquer sévère : 100 clients, de la start-up de quartier à la multinationale qui affiche 250 millions de revenus récurrents annuels. Tout ça avec une équipe minuscule ? Même leur investisseur, le vieux briscard John Locke d’Accel, était fasciné : « C’est étrange de voir des boîtes confier leur ERP à une poignée de types sortis de nulle part. » Ou comment une petite équipe peut mettre le feu à la plaine !
Pourquoi ce soudain engouement ? Parce que le marché du logiciel ERP mondial pèsera 56 milliards de dollars en 2024… et que l’IA risque de carboniser quelques habitudes. Convaincu par la traction « hors-norme » de Campfire, Locke et ses amis balancent un chèque géant et leur donnent le feu vert – série A à 35 millions, directions programmées à toute allure vers la conquête du back-office.
Alors, NetSuite va-t-il finir à la casse, ou l’histoire de Campfire n’est-elle qu’un feu de paille ? Une chose est sûre : si votre tableur Excel commence à chauffer, c’est qu’il est peut-être temps d’allumer un autre feu. Et entre nous, dans la tech, ce ne sont pas toujours les dinosaures qui font la météo…
Source : Techcrunch