Jusqu’où Apple peut-il contrôler son écosystème sans franchir la ligne rouge des lois antitrusts ? Alors que la firme de Cupertino fait face à une offensive judiciaire majeure du Département de la Justice américain (DOJ), la question sur la légitimité et l’impact de son fameux « walled garden » se pose plus que jamais.
Le juge fédéral Julien Neals, du New Jersey, vient de refuser la demande d’Apple de classer sans suite l’action en justice lancée par le DOJ et plusieurs États américains en mars 2024. Est-ce le début d’un procès qui pourrait bouleverser toute l’industrie ? Apple affirme, via un porte-parole, que cette procédure « est erronée sur les faits comme sur le droit » et promet de se battre « vigoureusement » devant la justice. Mais les préoccupations soulevées sont-elles justifiées, ou s’agit-il d’une simple chasse aux sorcières contre un géant technologique ?
De quoi est accusée exactement l’entreprise à la pomme ? Le DOJ lui reproche d’avoir bâti un monopole sur le marché des applications en imposant des restrictions draconiennes et des frais élevés aux développeurs, tout en bridant l’accès des services tiers à ses plateformes. Ce modèle ultra fermé serait, selon l’accusation, en violation flagrante des lois antitrusts américaines. Apple, de son côté, a promptement réfuté chacune de ces assertions et a tenté, en vain, de faire annuler la procédure dès août dernier. Faut-il y voir un aveu de faiblesse, ou simplement une stratégie judiciaire classique ?
Le combat autour du « walled garden » d’Apple cache-t-il une lutte de pouvoir inédite sur la liberté d’innovation et la concurrence numérique ?
Or, ce n’est pas la première fois qu’Apple se retrouve dans le viseur pour ses pratiques jugées anti-concurrentielles. En Europe, une série d’injonctions et de nouvelles réglementations, notamment le Digital Markets Act, ont forcé la société à revoir en profondeur son modèle économique et à instaurer une nouvelle grille tarifaire pour l’App Store. Jusqu’où les régulateurs européens et américains sont-ils prêts à aller pour démanteler ou réformer l’influence d’Apple sur l’écosystème mobile mondial ?
Le procès qui s’annonce pourrait-il marquer la fin d’une ère, voire amorcer un tournant historique pour tous les utilisateurs de smartphones ? Les réponses à ces questions dépendront de la capacité d’Apple à convaincre qu’un écosystème fermé protège les consommateurs et stimule l’innovation, plutôt que d’étouffer la concurrence. Mais en attendant, la grande inconnue demeure : qui sortira véritablement gagnant ? Les développeurs, les consommateurs, ou… les avocats ?
Source : Engadget