Quel avenir pour les jeux mobiles de grands studios lorsque même une licence aussi forte que Warcraft échoue à s’imposer sur ce marché ultra-compétitif ? Ce n’est pas la première fois que Blizzard tente d’imposer une franchise phare sur mobile – après le carton de Hearthstone, pouvait-on vraiment s’attendre à voir Warcraft Rumble suivre la même trajectoire ? Et pourquoi rien n’a-t-il fonctionné ?
C’est désormais officiel : Blizzard ne développera plus de nouveaux contenus pour Warcraft Rumble, sorti il y a à peine quelques années sous le nom de Warcraft Arclight Rumble. Que s’est-il passé pour expliquer cet abandon rapide ? Blizzard reste vague dans ses explications, mais l’échec du jeu semble évident. Dans son communiqué, le studio admet que le jeu “n’a pas réussi à trouver sa place” par rapport à ses ambitions. Après plusieurs tentatives de relance, aucune stratégie n’a vraiment réussi à inverser la tendance, la faute à une base d’utilisateurs trop faible ou des mécaniques qui peinaient à convaincre ?
Ce semi-échec se joue alors que Microsoft, la maison-mère de Blizzard, est secouée par une vague de licenciements massive. Jusqu’à 9 000 employés seraient concernés à l’échelle mondiale. Faut-il voir là la raison principale de cet arrêt des développements ? Ou au contraire, est-ce l’échec du jeu qui a précipité certains départs ? Selon Aftermath, c’est bien la restructuration en cours chez Microsoft qui a acté la fin de Warcraft Rumble, tout en bouleversant l’organigramme interne chez Blizzard. Les équipes dédiées au contenu évoluent vers d’autres postes, quand d’autres sont tout simplement remerciées. Faut-il aussi s’inquiéter pour la culture interne du studio à l’avenir ?
Le désengagement de Blizzard sur Warcraft Rumble illustre une transition brutale vers l’événementiel et la gestion, au détriment de la création et de l’innovation.
Au-delà de Warcraft Rumble, ces remous cachent-ils une crise plus profonde dans le jeu vidéo “made in Microsoft” ? D’autres projets ont purement et simplement été annulés suite à cette réorganisation – Everwild et Perfect Dark en tête. Pire : ils entraînent dans leur chute des créateurs historiques comme Greg Mayles, figure iconique de Rare et père de Sea of Thieves, ou Matt Firor, jusque-là à la tête de ZeniMax Online Studios (ESO). Au-delà des jeux, c’est tout un savoir-faire et une histoire qui semblent s’évaporer à mesure que les têtes tombent.
Peut-on alors parler de snobisme ou de méconnaissance du secteur mobile de la part des géants du jeu vidéo ? N’est-ce pas la preuve que le transfert d’une franchise de console/PC vers le mobile reste bien plus complexe qu’il n’y paraît ? Ou cette instabilité marque-t-elle la fin de l’âge d’or du jeu mobile premium, happé par les impératifs des gros groupes américains ?
Enfin, Blizzard a promis que Warcraft Rumble continuerait à recevoir des mises à jour purement correctives et événementielles. Mais ce “service minimum” convaincra-t-il ceux qui croyaient à un vrai renouveau du mobile gaming occidental ? Entre espoirs déçus et restructurations brutales, qui sera le prochain sur la liste ?
Source : Engadget