« D’après la sagesse populaire, il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Mais si le livre s’appelle “Big, Beautiful Bill”, la couverture est peut-être le seul endroit sans mauvaises surprises. »
Dans le dernier épisode du feuilleton législatif américain, le « Big, Beautiful Bill » débarque en force et laisse un goût amer aux industries tech et manufacturing du pays de l’Oncle Sam. S’il sabre les mesures environnementales comme un chef étoilé coupe son saucisson, c’est au tour des voitures électriques (EV) et du solaire made in USA de finir sur la section « mauvaises affaires ». Fini, le bonus au passage à la voiture électrique, envolé l’incitatif pour les modèles d’occasion et bye-bye les petites promos sur les utilitaires EV. L’industrie, elle, fait grise mine (au mieux), pendant que les militants verts décapsulent leurs bouteilles de tisane anxiolytique.
Et comme l’ironie n’a jamais tué personne (sauf peut-être l’emploi dans le solaire), ce fameux Big Bill offre généreusement un tapis rouge… aux panneaux solaires chinois. Alors qu’on nous chante sur tous les toits le retour du « Made in USA », la réalité est tout autre : les fabricants américains se voient soudain confrontés à une concurrence importée à bas prix. Les barrières tarifaires ? Pour la déco, apparemment. Merci, législateurs, pour ce plot twist de série B !
Sous des airs de patriotisme industriel, le big bill n’a pas oublié d’envoyer un SMS de love à ses amis du pétrole.
Petite cerise sur le gâteau législatif : une première version du projet voulait même taxer chaque année possesseurs de voitures électriques (coucou les 250$ pour les EV, 100$ pour les hybrides) et prélever une dîme sur chaque panneau solaire ou éolienne installé. À ce niveau, ce n’est plus une incitation à polluer, c’est une invitation formelle façon RSVP. Entre théorie et réalité, il faut parfois sortir sa loupe : derrière la promesse de relocalisation industrielle, c’est surtout Fossil Fuel & Friends qui trinque à la vigueur du lobby.
Pour les lecteurs qui aiment le shopping de panique, pas de panique justement ! Rien ne presse pour vous ruer sur la dernière Nissan Leaf ou un lot de tuiles solaires en kit. À défaut d’économiser la planète, vous économiserez le stress d’un Black Friday improvisé.
Finalement, que retenir ? Peut-être que dans la grande série des lois américaines, cette saison se solde par un cliffhanger acide : si quelque chose est présenté comme « beautiful », pensez à surveiller vos arrières. Car parfois, derrière l’éclat des promesses, ce sont nos filières tech et vertes qui risquent de prendre un beau gadin.
À défaut d’un soleil législatif brillant, il ne nous reste qu’à admirer la capacité du congrès à réinventer l’expression « jeter de l’ombre »… solaire, cette fois-ci !
Source : Engadget