À l’heure où les batteries ravivent la scène énergétique en se recyclant façon rockstar pour alimenter la fièvre du GPU dans le désert du Nevada, l’industrie tech semble coincée dans une boucle éternelle : ressuscite, surcycle, patche, relance. Une rengaine fatale ? Non, seulement le nouveau sampler des géants du numérique, de Reddit à Lucid, qui oscillent entre démonstrations de force et plantages spectaculaires – souvent pour mieux masquer l’absence d’idées (ou de fiabilité) réellement neuves.
On assiste à la mutation de la promesse d’autonomie, de l’énergie stockée façon batteries déclassées à la voiture « main libre » réservée à quelques privilégiés chez Lucid Motors : la technique doit servir l’émancipation… à condition de posséder l’option à 2 500 $ et de n’emprunter que l’autoroute cartographiée, sous contrôle visuel de la voûte électronique. L’autonomie, oui, mais encadrée, surveillée, méticuleusement bornée ; la liberté promise s’évapore à mesure qu’elle s’incarne. Même trip chez Google : on vous offre les résumés par l’IA pour alléger votre esprit, tout en faisant disparaître la diversité informationnelle dans un gloubiboulga algorithmique, aussi digeste qu’anesthésiant.
Mais la boucle technologique n’a rien d’unifié : la parade du progrès cache un déluge de failles et d’obsessions pour le contrôle. Les leaks chez Meta AI rappellent cruellement que l’intelligence n’est jamais vraiment artificielle quand il s’agit de pirater nos échanges, pendant que la Chine, maîtresse en intrusion, transforme le smartphone voyageur en mouchard à la frontière via Massistant. Qu’on scanne vos données à la frontière ou qu’on siphonne vos conversations à la maison, le progrès vend toujours la transparence… mais jamais dans le bon sens de la vitre.
Un bug, une fuite, une panne ou un algorithme torcheur de news : la techno de 2025 ne propose plus de ruptures, mais une succession d’accrocs qui recousent maladroitement une toile trop tendue entre innovation et contrôle.
Et comme si ça ne suffisait pas, l’économie numérique rejoue inlassablement le même sketch fiscal ou commercial : Amazon confie ses rêves spatiaux à SpaceX faute de fusée maison, Apple paie enfin l’addition à l’Europe (mais qui croit sérieusement que le rideau est tombé sur le théâtre de l’évitement fiscal ?) et les géants du streaming encaissent la valse des abonnés, chacun piégé dans son écosystème, rêvant du « tout-en-un » pendant qu’on émiette la réalité. Même les nouveaux venus se rêvent renards : les Chromebooks changent de costume mais pas vraiment de statut – ni laptop de rêve, ni compétition honnête pour tous.
Ironie de ce bal technologique : à force de courir après la nouveauté, nos sociétés ne font que reproduire, à une échelle industrielle, un grand recyclage – des promesses, des peurs, des failles et des gestions de crise robotisées. La vraie disruption ? Elle n’est pas dans la prochaine barre de son, la voiture semi-autonome ou le trou noir cosmologique, mais dans notre acceptation docile de ce grand remix perpétuel. Le futur semble devoir s’écrire en boucle, sur le mode du patchwork, oscillant sans cesse entre le surcyclage malin et la peur viscérale d’un vrai saut dans l’inconnu.




