Métamorphoses filtrées : quand l’IA transforme l’humain en variable d’ajustement

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Métamorphoses filtrées : quand l’IA transforme l’humain en variable d’ajustement

Bienvenue dans la grande symphonie techno-sociétale où règnent, qui du filtre à mots-clés dopé à l’IA, qui du père relooké gadget, qui de l’alliance des mastodontes ou du plantage musical instantané. L’époque aime fusionner l’humain, l’artificiel et l’émotion, quitte à recycler le fil du like et du scroll en colliers de perles légèrement toxiques. Aujourd’hui, l’écosystème numérique nous propose son menu du jour : régulation ou chaos, innovation éclair ou “reset” promotionnel, le tout nappé d’une sauce algorithmique maison.

Dernière tendance sur TikTok : l’IA domestique enfin dans votre poche, prête à expurger vos feeds jusqu’au dernier synonyme gênant. Triomphal, peut-être, mais ce sur-mesure du scroll nourrit paradoxalement le narcissisme du créateur-uni-vers-sa-bulle tout en muselant la découverte, jusqu’à rendre possible une personnalisation qui confine à l’asphyxie sociale. D’ailleurs, chez Photoshop pour Android, l’IA aussi s’invite pour masquer les imperfections et magnifier l’instant mobile ; la beauté, dans ce monde, dépend toujours plus du prompt et du “generative fill” que du regard humain. On s’émerveille, on s’inquiète — à chacun sa retouche.

L’industrie musicale, face à cette robotisation créative débridée, hésite entre l’hostilité judiciaire et l’ouverture intéressée : elle veut, selon toute vraisemblance, manger à tous les râteliers, à condition de monnayer la moindre séquence générée par Suno ou Udio. L’alliance des géants du disque et des startups IA sonne comme un “deal” faustien : faut-il vraiment applaudir la perspective de tubes programmés avec partage de capital, ou s’inquiéter d’un basculement, au mieux vers une culture sous loupe, au pire vers une extraction minière du talent authentique ? Pendant ce temps, TikTok entérine son statut de big boss viral et se transforme non plus en concurrent de Spotify, mais en aspirateur d’attention pour orienter la jeunesse… et les budgets promo.

Filtrer, générer, promouvoir : jamais l’humain n’a semblé si maître de ses flux… et pourtant si prisonnier de ses propres algorithmes.

En toile de fond, la danse d’Apple et de Google rappelle une autre vérité : dans la ruée vers l’intelligence et la fidélisation, la révolution ne se mesure plus à la puissance graphique ou à la RAM, mais à la capacité de verrouiller les usages. Apple reluque la “cohérence” entre devices, multiplie les coachs IA pour “accompagner” nos humeurs ou surveiller notre ligne, tandis que Google, sous pression, pactise avec ses propres actionnaires sur la conformité… autant pour préserver son empire que son image de bon géant. Tous veulent leur part du gâteau de la personnalisation, mais à quel prix en matière de liberté de choix ou d’ouverture réelle ?

Derrière le boom des outils “libérateurs”, on retrouve la même angoisse : la technologie n’a jamais aussi bien prétendu nous rendre autonomes qu’en quadrillant nos goûts, nos créations, nos portefeuilles. Ce n’est plus le clic qui fait le citoyen numérique, mais le batch process d’un serveur qui décide si demain, nous consommerons du contenu, de la musique ou de l’amour prédécoupé pour nous, par nous… sans nous. La grande mue s’opère devant nos yeux : et si le véritable progrès résidait, non pas dans la multiplication des nouveautés pilotées par IA, mais dans notre capacité à remettre le hasard, l’inattendu et, pourquoi pas, l’échec réparateur, au centre de l’expérience digitale ?

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