Peut-on vraiment dire que Google arrive trop tard dans la course à l’intelligence artificielle en entreprise, ou la firme de Mountain View a-t-elle trouvé la clé pour reprendre l’avantage ? Le géant de la tech vient tout juste d’annoncer le lancement de Gemini Enterprise, une plateforme d’IA à destination des sociétés, alors que la bataille avec Anthropic et OpenAI bat son plein. Quel est le vrai pari de Google derrière ce nouveau produit ?
Parmi les premiers clients, on retrouve des noms aussi divers que Figma, Klarna ou encore Virgin Voyages, qui expérimentent déjà plus de 50 agents IA autonomes sur la nouvelle plateforme de Google. Mais au-delà de la foire aux partenaires prestigieux, Gemini Enterprise ne serait-elle qu’un coup marketing de plus, ou bien une rupture réelle dans la manière dont les entreprises intègrent l’IA ? Faut-il croire à la promesse que Gemini Enterprise « n’est pas un simple rebranding » des outils existants, comme le soutient Google, alors que les noms et les offres de son portefeuille changent à vue d’œil, entre Google Workspace, Gemini, et d’autres versions antérieures ?
En effet, ce nouvel outil ne s’intègre pas comme un simple add-on à Workspace : il se présente comme une plateforme autonome et sécurisée, pensée comme une boîte à outils pour permettre la création, le partage et la gestion d’agents IA sur mesure. Google Cloud la décrit comme la « nouvelle porte d’entrée de l’IA au travail ». Quels usages réels permettra-t-elle, au-delà du buzzwords ?
Gemini Enterprise ambitionne de centraliser tous les usages de l’IA en entreprise, tout en promettant plus de sécurité et de contrôle.
À première vue, les fonctionnalités sont ambitieuses : la plateforme s’interface avec les données métiers (Google Workspace, Microsoft 365, Salesforce, SAP…) et propose des agents IA pour des tâches en ventes, marketing, RH, ingénierie ou finance. Pour la première fois, ces agents pourront croiser des données internes avec des outils maisons comme Code Assist et Deep Research, le tout piloté par un chatbot Gemini Enterprise. Mais n’est-ce pas là ce que promettaient déjà les solutions concurrentes ? Et le positionnement de Google, à 30$ par utilisateur et par mois (avec une version PME à 21$), est-il adapté face à la montée effrénée des nouvenaux acteurs comme Anthropic ou OpenAI ?
À ce jeu, la concurrence est féroce : OpenAI annonce déjà 5 millions d’utilisateurs pro pour sa solution ChatGPT Enterprise, et Anthropic équipe prochainement les 500 000 salariés de Deloitte avec Claude. Est-ce réaliste de penser que Google, pourtant parfois jugé à la traîne sur le terrain de l’IA générative, saura séduire les entreprises grâce à son écosystème Google Cloud et ses infrastructures reconnues ?
En misant sur une promesse de sécurité, de gouvernance centralisée et de productivité accrue, Google espère convaincre des décideurs soucieux de garder la main sur leurs données et leurs processus. Mais la multiplication des solutions, la vitesse d’évolution du marché et la volatilité de la confiance dans l’IA pourraient-elles transformer ce pari ambitieux en cul-de-sac technologique ?
Alors que le marché se structure et que les offres se ressemblent de plus en plus, le défi pour Google sera-t-il simplement de convaincre avec la force de sa marque, ou devra-t-il véritablement prouver que Gemini Enterprise apporte une valeur différenciante à long terme ?
En fin de compte, Gemini Enterprise saura-t-il s’imposer comme la nouvelle référence de l’IA en entreprise, ou risque-t-on d’assister à un nouvel épisode de la guerre des nuages où la promesse de l’IA reste, pour beaucoup, encore à tenir ?
Source : Techcrunch




