Peut-on réellement éteindre un feu… avec du son ? Cette question, à peine croyable il y a dix ans, ressurgit aujourd’hui avec la promesse d’une révolution technologique. Qui se cache derrière cette nouvelle vague d’innovation, et pourquoi le monde s’intéresse-t-il soudain à ce sujet qui semblait avoir disparu des radars depuis la fameuse démonstration sur le plateau de Jimmy Fallon ?
Que s’est-il passé depuis le fameux buzz viral, où deux étudiants avaient réussi à éteindre un feu grâce à un simple subwoofer de 25 centimètres ? Pourquoi cette prouesse n’a-t-elle pas trouvé d’écho plus large, malgré l’implication de la DARPA et des équipes de chercheurs dans le monde entier ? Faut-il croire qu’un mur infranchissable a stoppé net le rêve d’éradiquer les incendies grâce aux ondes sonores ?
Pourtant, il semble que la course ne soit pas terminée. Une startup américaine baptisée Sonic Fire Tech est parvenue à convaincre des investisseurs de renom comme Khosla Ventures et Third Sphere de miser 3,5 millions de dollars sur sa technologie d’extinction d’incendie par ondes acoustiques, au point d’ambitionner de protéger maisons et infrastructures contre les feux de forêt. Comment cette équipe a-t-elle réussi là où d’autres ont échoué ? Et surtout, cette solution hyper-technologique a-t-elle des chances de véritablement peser face à des catastrophes estimées à 424 milliards de dollars de dégâts annuels, rien qu’aux États-Unis ?
La lutte contre les incendies cherche aujourd’hui des réponses là où on ne les attend plus : dans l’infrason.
L’histoire de Sonic Fire Tech commence comme beaucoup de sagas de la tech : un bricoleur visionnaire, Michael Thomas, fait équipe avec un ingénieur passé chez la NASA, Geoff Bruder, fasciné par la question des interactions entre le son et la chaleur. Au lieu de se contenter d’une enceinte, ils s’attaquent à la conception d’un appareil radicalement nouveau, misant sur des infrasons produits par un imposant piston, bien en dessous de ce que l’oreille humaine peut percevoir. Serait-ce la clé permettant d’éviter les risques auditifs tout en garantissant une efficacité inédite ?
D’après Bruder, il aura fallu tout réinventer : « Il fallait jeter à la poubelle le design traditionnel des enceintes et recommencer de zéro ». Après avoir réussi à étouffer une flamme à deux mètres de distance dans son allée, l’équipe vise désormais des portées de 8 à 100 mètres. Les démonstrations laissent perplexes, alors que le mécanisme agit dans un silence absolu, transformant ce qui relevait du gadget en une installation domestique potentielle.
Comment fonctionne ce système en pratique ? En cas de détection d’un incendie, le générateur d’infrasons projette des ondes via des conduites placées sur les toits et sous les avant-toits, afin de bloquer l’arrivée du feu aussi bien dans les gouttières qu’au niveau du sol. Un simple moteur électrique de 500 watts suffit. Et en cas de coupure d’électricité, des batteries au plomb peuvent prendre le relais. Nul besoin d’eau, ressource rare dans les zones sensibles aux feux de forêt. Pourquoi, alors, ce système ne serait-il pas installé d’office dans les habitations exposées ? Les compagnies d’assurances y trouveront-elles leur intérêt ?
Sonic Fire Tech travaille en partenariat avec des acteurs majeurs de l’énergie comme PG&E et Southern California Edison pour tester sa technologie sur leurs équipements, en attendant une éventuelle certification permettant de remplacer les systèmes de sprinklers conventionnels à l’intérieur des maisons. Mais jusqu’où ce système pourra-t-il s’imposer ? Sera-t-il un jour la norme pour protéger aussi bien les infrastructures professionnelles que les foyers individuels, ou viendra-t-il s’ajouter à la longue liste des innovations prometteuses qui n’ont jamais franchi le cap de l’expérimentation ?
Au final, si le feu peut vraiment être vaincu par le silence des infrasons, sommes-nous prêts à repenser toute notre approche de la lutte contre les catastrophes naturelles, ou le bruit de la nouveauté finira-t-il encore par s’éteindre ?
Source : Techcrunch




