Est-ce que la retouche photo grâce à l’intelligence artificielle va révolutionner notre façon d’éditer nos souvenirs sur Android ? Depuis peu, Google propose une nouvelle fonctionnalité dans Google Photos permettant d’éditer ses photos par une simple conversation avec une IA. Mais, concrètement, que se cache-t-il derrière cette promesse de simplicité technologique pour tous ?
À qui s’adresse vraiment cette nouveauté ? Google met en avant une accessibilité inédite : il n’est plus nécessaire de se perdre dans les menus d’édition ou de jongler avec des outils complexes réservés aux connaisseurs. Désormais, il suffit de décrire, à la voix ou par écrit, le type d’amélioration voulue — l’IA Gemini fera le reste. Mais cette facilité n’occulte-t-elle pas la question de contrôle et de créativité personnelle dans l’acte d’éditer une photo ?
Cette fonctionnalité, qui a d’abord été réservée aux détenteurs du Pixel 10 aux États-Unis, se généralise aujourd’hui à l’ensemble des utilisateurs Android adultes, sous condition de maîtriser l’anglais et d’avoir plus de 18 ans. Quelles sont les limites techniques de l’outil ? Simple ajustement de lumière, suppression de distractions ou transformation créative de clichés… les promesses sont-elles tenues ? Et que penser de la mention « améliorer » quand personne ne définit vraiment ce que cela signifie pour une image personnelle ?
L’intelligence artificielle change-t-elle notre rapport à la créativité et à l’authenticité de nos souvenirs numériques ?
En plus de l’édition classique, Gemini est capable d’offrir des propositions créatives — mais est-ce vraiment votre photo à la fin du processus ou celle fabriquée par l’algorithme ? Google annonce également l’arrivée des « Content Credentials » (C2PA), une sorte de signature qui informe si la photo a été créée ou modifiée par IA. Est-ce un pas suffisant pour garantir la transparence face aux craintes croissantes autour des « deepfakes » et autres manipulations de l’image au quotidien ?
Et si la simplicité masquait aussi de nouvelles complexités ? Au fil des retouches, l’IA propose des suggestions de perfectionnements supplémentaires. L’utilisateur ne risque-t-il pas de s’en remettre systématiquement au jugement de Gemini, au détriment de ses propres choix ? À quels critères se fier pour savoir jusqu’où aller, ou s’arrêter dans la modification d’une photo ?
À l’heure où la frontière entre l’authenticité et la création générée par machine s’amenuise, peut-on encore parler de « souvenir » ? Ou bascule-t-on déjà dans la construction d’une mémoire artificielle, façonnée par des algorithmes toujours plus performants et envahissants ?
La démocratisation de l’édition photo par IA signe-t-elle la fin des vieilles photos imparfaites, ou le début d’une ère où chaque image n’est plus qu’une suggestion de ce qu’elle aurait pu être ? En donnant tant de pouvoir à une IA, les utilisateurs d’Android ne prennent-ils pas le risque de perdre peu à peu le contrôle sur leurs propres récits visuels ?
Source : Techcrunch




